Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, ne figure pas dans la composition du nouveau gouvernement de Abdelmadjid Tebboune. Ramtane Lamamra, dont les compétences sont mondialement reconnues, n'a pas été reconduit. C'est plutôt son «concurrent», Abdelkader Messahel, ministre des Affaires maghrébines, arabes et africaines, qui hérite, à lui seul, des Affaires étrangères. Une surprise pour certains, une «issue» attendue à la dualité aux AE pour d'autres. Une situation générée par le remaniement ministériel de 2015, lors duquel Abdelkader Messahel, alors ministre délégué en charge du Maghreb, de l'Union africaine et de la Ligue arabe, a été promu ministre à part entière. Le bras de fer qui s'est vite engagé entre les deux hommes a finalement été gagné par Abdelkader Messahel qui, faut-il le souligner, n'a pas lésiné sur les moyens politiques pour s'imposer comme le chef sans conteste de la diplomatie algérienne. D'ailleurs, l'une des différences entre Abdelkader Messahel et Ramtane Lamamra est que le premier est rodé au jeu politique au sein du FLN, contrairement au second, qui n'est dans aucune entité politique. Autrement dit, Abdelkader Messahel a su politiquement mieux vendre ses compétences que Ramtane Lamamra. Car, sur le plan de la diplomatie, les deux hommes ont de grandes qualités et compétences. Ils ont tous les deux une longue et riche carrière aux Affaires étrangères. Mais, après l'expérience d'un fonctionnement à deux têtes qui a duré deux années et qui a beaucoup pesé sur le personnel diplomatique aussi bien au sein des deux ministères que dans les ambassades à l'étranger, il fallait donc réunifier et rassembler les effectifs et concentrer les efforts et le pouvoir entre les mains d'un seul homme pour assurément une meilleure visibilité dans la gestion des dossiers. Très actif notamment sur le dossier libyen, Abdelkader Messahel a beaucoup brillé ces derniers mois sur le plan médiatique, exprimant clairement son ambition de prendre en main tous les grands dossiers de la diplomatie algérienne. Ainsi, les Affaires étrangères, et pour la première fois depuis l'arrivée du président Bouteflika au pouvoir en 1999, sont donc entre les mains d'un seul homme, Abdelkader Messahel, un polyglotte — comme Ramtane Lamamra également — qui a une parfaite maîtrise des dossiers de l'Afrique. Après avoir été l'éternel second, ce diplomate de carrière accède au «trône» et règne sur la diplomatie algérienne, lui qui occupait depuis 2000 le poste de ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères. D'ailleurs, c'est la première fois depuis 1999 que le ministre des Affaires étrangères n'a pas de ministre délégué.