Quelles que soient les conditions, on gardera de ce festival, parce que c'est un gain, une vitrine et une référence. Celui de Djemila aussi. Il est nécessaire de poursuivre avec tout ce qui garantit la continuité culturelle», s'est engagé Azzedine Mihoubi, ministre de la Culture, jeudi soir à l'ouverture de la 39e édition du Festival international de Timgad. Il ajoutera qu'«assurer la pérennité du Festival de Timgad, c'est déjà une réussite en soi». Des déclarations qui semblent constructives. Cependant, la réalité est toute autre. Certes, il a été décidé de garder les festivals et événements culturels qui constituent une vitrine de l'Algérie. Or, le ministre ne semble pas respecter ce même principe. Un autre schéma se dégage : apporter l'appui total aux événements organisés par l'ONCI et supprimer tous les autres, à l'exemple du Festival international de la littérature et du livre de jeunesse (Feliv), suspendu depuis deux ans, ou du Dimajazz, qui n'aura aucune subvention pour son édition de 2017. Deux poids, deux mesures, ou dans ce cas précis, un unique poids : l'ONCI. L'enjeu n'est certainement plus culturel. En outre, une vision plus large montre qu'il n'y a plus de Festival de Timgad proprement dit. Bien qu'il ait gardé, selon une déclaration du ministre à El Watan, un budget à 60% des autres éditions, soit plus de 7 milliards de centimes avec des montages financiers en services, le festival n'est qu'un point de la tournée des mêmes chanteurs qui se produiront à Sétif, à Constantine, etc., juste après. Quant à lui, le commissaire du festival, Lakhdar Bentorki, a admis, dans une déclaration à El Watan, qu'il n'y a pas eu de communications par manque de moyens. Le constat est alarmant. Il n'y a eu presque pas de communications. Quelques modestes affiches ici et là et c'est tout. Même le public présent était là parce qu'il avait entendu parler du coup d'envoi du festival par le pur hasard ou sur Facebook. Comme preuve définitive, cheb Khaled, dont la présence audit festival en 2015 avait remué les foules et totalement bloqué les routes, a fait un bide. Moins de la moitié des gradins était remplie au début du concert ! Avec son jusqu'au-boutisme, Lakhdar Bentorki nous a affirmé que «les autres festivals se font dans des grandes villes, celui-là se fait dans le désert (en parlant de la wilaya de Batna, ndlr). Il n'y a aucune structure d'accueil et ce théâtre n'est ouvert que huit jours par année». Il a aussi attaqué les médias et la presse, en affirmant qu'ils ne valorisent pas les efforts faits par l'organisation. Pas assez nationalistes à son goût. Tous coupables, sauf l'ONCI ! En fait, auparavant c'était l'administration locale qui prenait l'initiative pour les affichages, les réunions de coordination, etc., après quelques changements, cela ne se fait plus. Plus de communications et une seule réunion à deux jours du début du festival, qui concernait surtout la distribution de badges et de bons de restauration. Par ailleurs, et après 1h30 d'attente, le ministre était finalement arrivé, sous le feu des projecteurs et les sifflements du public pour l'accompagner jusqu'à son siège. La soirée pouvait enfin commencer. L'unique point positif de cette ouverture était la voix toujours sublime de Khaled et les sonorités universelles qu'il utilise.