A l'exception des quelques gouttes qui ont suinté par endroits, l'eau n'est toujours pas près de couler et les randonnées pédestres ou en voiture à la quête de ce liquide précieux devraient se poursuivre en ces temps caniculaires. En effet, voilà plusieurs jours, pour ne pas dire des semaines, que l'eau «potable», si elle n'est pas trouble, saumâtre ou infecte, a fui les robinets à Annaba. Les ménages, les unités industrielles, les hôpitaux, les commerces… se retrouvant ainsi confrontés à de longues coupures en cascade avec tout ce que cela implique comme désagréments. Ce sont justement ces désagréments qui ont poussé les habitants de plusieurs quartiers de la commune chef-lieu de wilaya, à l'image de Sidi Aïssa, Oued Forcha, les Caroubiers, Beni M'haffer, Belvédère ou encore ceux des localités et agglomérations limitrophes de Sidi Amar, d'El Bouni, d'El Hadjar (Boukhadra, Chabia, cité du 1er Mai, Oued Nil)... à sortir dans la rue pour exprimer leur ras-le-bol. Mais comme dit le proverbe : «A toute chose malheur est bon», profitant de la défection et du vide laissé par le service public, les vendeurs d'eau potable ont pris le relais pour gagner un peu d'argent : le bidon de 5 litres cédé à 20 DA, le triple pour l'eau de source. Le business de l'eau n'a jamais été aussi florissant, malgré les risques en termes de santé publique puisque ce commerce s'effectue en l'absence de tout contrôle des services compétents. Au juste, à quoi ces coupures répétitives seraient-elles dues ? A la rupture des deux principales conduites d'adduction gravitaires de 1150 et 930 de diamètre, qui prennent leur départ du barrage de Cheffia Bounamoussa (wilaya d'El Tarf), jusqu'à la station de traitement de Chaiba (Annaba), justifie-t-on du côté de l'Algérienne des eaux (ADE). Or, d'après des sources bien au fait du secteur, c'est un cumul de facteurs de toute nature qui en serait la cause : «D'abord, les piquages récurrents d'eau traitée, initialement destinée aux ménages, au niveau des conduites de transfert dont sont auteurs nombre d'agriculteurs. Cette eau sert à l'irrigation de leurs terres. La dégradation très avancée des stations de traitement de Chaïba et Meksa, des surtensions dans l'alimentation en électricité (coups de bélier), qui se traduisent souvent par de sérieux dégâts au niveau des équipements hydromécaniques et hydrauliques. A cela viennent se greffer la tendance baissière du taux de remplissage des barrages alimentant la wilaya de Annaba et l'augmentation de plus en plus inquiétante du taux d'envasement, le rabattement des nappes (eaux superficielles et souterraines) qui est dû aux aléas climatiques, et ce, sans oublier les extractions sauvages et abusives de sable et les derniers incendies pour la maîtrise desquels des volumes impressionnants d'eau ont dû être mobilisés.» Pour rappel, les barrages de Chaffia et Mexa ainsi que deux forages à Bouteldja dans la wilaya d'El Tarf forment les sources d'approvisionnement en eau de la wilaya de Annaba. Avec une capacité de 160 millions de m3, le barrage de Chaffia en est la principale avec un débit quotidien d'eau brute, à destination de la station de Chaïba, de plus 100 000 à 200 000 m3. Plus du tiers est absorbé par le seul complexe sidérurgique d'El Hadjar. Deux conduites principales installées sur 49 kilomètres linéaires assurent l'alimentation régulière du réseau. Mis en service en août 2003, le barrage de Mexa avec une capacité d'emmagasinage de 60 millions de m3 conforte la production d'eau potable.