Il y a dix jours, on a commémoré l'anniversaire du 20 août 56 et des familles, qui espéraient que les sépultures de leurs chouhada soient dignement réinhumées, ont été encore une fois déçues par l'omission des pouvoirs publics. A titre illustratif, la région allant de Ammal, jusqu'aux fameuses gorges de Palestro, actuellement Lakhdaria, compte plusieurs cimetières, fosses et grottes, où la mémoire populaire témoigne de la présence d'ossements, de tombes et de squelettes. Par exemple, à Tizi Ighir, à Djerrah, où une embuscade avait eu lieu en mai 1956 sous le commandement d'Ali Khodja. Elle s'est soldée par la mort d'une vingtaine de combattants de sa katiba. A Amedouh, un autre cimetière abrite une vingtaine de chouhada anonymes. Alors qu'à Maramer, on fait état de quatre moudjahidine tombés au champ d'honneur, qui tardent à être réinhumés au cimetière de chouhada. Quant à Azrou Maaziyen, c'est un atelier de couture qui avait servi à équiper les soldats de l'ALN, a-t-on témoigné. Il était sous l'autorité de Zaïdi Amer. La dechra de Taghzoult a également payé un lourd tribut, en offrant 50 de ses fils à la Révolution dans la région de Tala Mehdi. Non loin, vers Souk El Had, à Oued Timouklil, plus exactement sur la RN5, trente chouhada ont péri, sachant que le camp de concentration existe toujours, transformé en habitations. D'ailleurs, il y avait une stèle des martyrs, où on se recueillait lors des festivités commémoratives du 1er Novembre durant la période post-indépendance. Ce lieu est célèbre par la méthode employée par le colonialisme français, qui obligeait chaque moudjahid à creuser sa propre tombe. Son exécution sommaire était suivie de son enterrement par le condamné suivant. Seul le dernier a été épargné. Il est clair que cette liste n'est pas exhaustive. Elle a été transmise dans une correspondance adressée aux autorités, et, à leur tête le wali Kamel Abbès, par la société civile. Un procès-verbal de réunion au niveau de la wilaya atteste de sa véracité. Une commission avait été dépêchée sur un site. Malheureusement, les autres demeurent en l'état et sont menacés de disparition si, rapidement, les pouvoirs publics ne se démènent pas pour leur donner une sépulture décente. Parfois, il s'agit seulement de sauver un cimetière en le protégeant contre les bulldozers des travailleurs des carrières ou des conséquences naturelles des intempéries, comme les boues ou la végétation sauvage. Les autorités locales, malheureusement, se caractérisent par leur inertie. Chose que déplorent les familles des chouhada : «Un manque de volonté est nettement perceptible chez nos élus, qui, pour une simple campagne de désherbage des cimetières se réfugient derrière le motif du manque de moyens. Que dire alors d'ériger une stèle ou une clôture…»