L'appréciation à laquelle les essais nucléaires menés par la Corée du Nord donnent lieu, et qui ne constitue en l'état actuel aucune forme de gestion de cette question, pose des problèmes auxquels l'on s'attendait peu. Trop peu même, car chacun y va de son appréciation avec souvent un mot, sinon un œil porté sur les autres parties, toutes celles qui constituent ce qu'on appelle la communauté internationale. Il est vrai que les rapports ne sont pas tous identiques, mais depuis des mois, le monde déplore cette course aux armements et la condamne, mais la convergence s'arrêterait là, surtout s'agissant des moyens que le monde devrait opposer pour amener le régime nord-coréen à arrêter ses essais. C'est la question qui se pose depuis peu au Conseil de sécurité, alors que le secrétaire général de l'ONU après avoir fait part de son inquiétude à ce sujet estime, et c'est plutôt rare qu'une telle déclaration soit faite, qu'il faut «garder à tout prix l'unité» de cette instance, «car il s'agit du seul instrument qui puisse conduire à une initiative diplomatique avec des chances de succès». Si ce responsable en est à cette analyse, aussi sévère soit-elle, c'est que, quelque part, il y a été contraint, et que manifestement, il y a problème. A travers l'appel à de nouvelles sanctions, le défi est double pour le Conseil et ses cinq membres permanents dotés du droit de veto (Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie et Chine), aux positions souvent diamétralement opposées : ils doivent préserver leur unité face à Pyongyang, affichée lors des dernières prises de sanctions, et adopter des mesures toujours plus fortes pour prouver leur détermination. Par les sanctions, l'ONU chercherait à faire ce qu'elle avait déjà fait avec l'Afrique du Sud sous le régime de l'apartheid, et donc amener la Corée à négocier. «Pour donner une chance à la diplomatie et mettre fin à cette crise, nous avons besoin d'un changement d'attitude de la Corée du Nord maintenant. Cela veut dire la pression maximum possible», souligne un diplomate britannique. Mais à croire que rien n'est encore acquis, et si par contre c'était le contraire, force serait alors de constater que ce mur qui serait érigé comporte déjà des fissures, ainsi que le souligne un rapport d'experts de l'ONU. Ainsi y relève-t-on : plus des sanctions internationales sont imposées à la Corée du Nord pour lui faire cesser ses programmes d'armement nucléaireet conventionnel, et plus Pyongyang tente de les contourner. Le rapport confirme formellement des informations transmises au mois d'août à des médias par des sources diplomatiques. «Le pays continue de contourner l'embargo sur les armes, les sanctions financières et sectorielles sévères» imposées par l'ONU, «montrant que plus le régime de sanctions est étendu, et plus les contournements sont nombreux», résument les experts. Plus clairement, relève-t-on, «la Corée du Nord continue de violer les sanctions financières avec des agents à l'étranger qui procèdent à des transactions financières au nom d'entités nationales», indique aussi le document. En contradiction avec les résolutions de l'ONU, Pyongyang continue aussi d'exporter pratiquement tous les produits visés par les résolutions de l'ONU, ce qui lui a rapporté au moins 270 millions de dollars sur la période étudiée, selon le document. Quant à sa conclusion, elle est tout simplement sans appel : «La non-application stricte du régime des sanctions couplée à des contournements de plus en plus importants par le pays sape les objectifs des résolutions en faveur d'un abandon par la Corée du Nord de toutes ses armes de destruction massive et l'arrêt de ses activités qui y sont liées.» L'on se rendra ainsi compte de la pertinence de l'analyse du secrétaire général de l'ONU et de sa justesse. Et également de son inquiétude quant au risque qui pèse sur la paix mondiale, lui qui a pour rôle, à travers l'institution qu'il dirige, de la préserver et, quand la situation l'exige, d'alerter l'opinion internationale.