Cela fait près de six mois que l'Algérie n'a pas reçu un chef d'Etat étranger. Le dernier Président à avoir rencontré Abdelaziz Bouteflika est le chef de l'Etat congolais, Denis Sasso Nguesso. C'était en mars 2017. Un mois auparavant, une visite de la chancelière allemande, Angela Merkel, a été annulée quelques heures seulement avant sa venue. Le lundi 20 février, alors que les drapeaux allemands étaient déployés et les portraits de la chancelière côtoyaient, dans les principales artères de la capitale, ceux du président algérien, la présidence de la République rend public un communiqué annonçant le «report» de la visite de la responsable allemande. L'argument des autorités est déroutant : le Président souffrait d'une «bronchite aiguë». Le justificatif des autorités n'a convaincu personne. Mais en l'absence d'un dossier médical complet, il est impossible aux médias d'épiloguer sur l'état réel de la santé du chef de l'Etat. Depuis, pour éviter un nouvel affront, le pouvoir évite d'inviter les présidents étrangers. Mais lorsque le président vénézuélien a atterri à Alger, il était impossible d'éviter le trébuchement. Nicolas Maduro est à la tête d'un pays ami et allié de l'Algérie. Les deux pays connaissent pratiquement la même situation politique et économique. Ils sont donc confrontés aux mêmes défis. C'est pour cela que lorsque le chef de l'Etat vénézuélien, qui a dû faire une escale «technique» dans un premier temps, a entamé dimanche une visite de travail en Algérie, tous les regards étaient braqués vers la résidence d'Etat de Zéralda, où le chef de l'Etat a élu domicile depuis sa maladie. Mais après deux jours d'attente, Nicolas Maduro s'est contenté de rencontrer le président du Conseil de la nation. La rencontre, qui doit pourtant être inévitable sur le plan protocolaire avec Abdelaziz Bouteflika, n'a pas eu lieu. En guise de déclaration, le chef de l'Etat vénézuélien, en quête d'un front commun des pays exportateurs de pétrole en vue de pousser les prix de l'or noir vers la hausse, s'est contenté d'une petite allocution à la télévision de son pays. Le message est donc destiné aux Vénézuéliens. Du temps où il le pouvait, Abdelaziz Bouteflika recevait systématiquement les chefs d'Etat étrangers de passage à Alger. Plus que cela, il s'entretenait avec pratiquement tous les responsables – parfois de petit échelon – qui venaient en Algérie. Ce n'est plus le cas. Ce qui confirme que la réalité de l'état de santé du chef de l'Etat est peut-être plus problématique que les responsables du pays veulent faire croire. Cela contredit, si besoin est, les affirmations du Premier ministre qui affirmait, samedi soir, que le chef de l'Etat assumait «normalement ses fonctions». C'est probablement cette situation que veut éviter le président français, Emmanuel Macron. Ce dernier a dû déroger à la règle qui fait que les présidents français réservent leur première visite en dehors de l'Union européenne à Alger. Officiellement, les deux chefs d'Etat se «sont parlés au téléphone». Mais la visite du président français n'est pas à l'ordre du jour. Sasso N'guesso sera probablement le dernier chef d'Etat étranger à avoir rencontré l'actuel président algérien.