Pour la première fois dans le catalogue philatélique algérien, un événement tragique, dont a été victime un chef d'Etat, de surcroît une personnalité historique, sera porté sur un timbre-poste. L'hommage rendu à Mohamed Boudiaf à travers l'illustration de son portrait officiel de chef d'Etat sur deux timbres, émis tardivement lors de l'anniversaire de la Révolution, rappelle son assassinat le 29 juin 1992 à la maison de la Culture d'Annaba. Un fait qui marquera toute une génération d'Algériens. Cinq mois et treize jours auparavant, Mohamed Boudiaf débarquait à Alger, revenant d'un exil de 28 ans au Maroc pour répondre à l'appel du pays. Un événement qu'on ne verra jamais sur un timbre-poste. Les années de 1992 à 1996 n'apporteront rien de spécial sur les timbres algériens. On se contentera des traditionnelles célébrations (Indépendance - Révolution - 8 mai 1945) et des séries dans diverses thématiques. Il n'y aura aucune allusion à l'installation du fameux Haut comité d'Etat (HCE) le 14 janvier 1992, deux jours après la démission du président Chadli Bendjedid. Un HCE, qui a vu le passage de Boudiaf du 16 janvier au 29 juin 1992, puis Ali Kafi du 2 juillet 1992 au 30 janvier 1994, avant de céder le pouvoir à Liamine Zeroual. Il n'y aura aucune mention à l'époque sur les timbres pour évoquer la première présidentielle plurielle dans l'histoire de l'Algérie, organisée le 16 novembre 1995, avec la participation de Liamine Zeroual, Mahfoudh Nahnah, Saïd Sadi et Noureddine Boukrouh. Une présidentielle remportée par Zeroual, suivie par un référendum pour l'amendement de la Constitution organisé le 28/11/1996. Deux événements illustrés sur des timbres plusieurs mois plus tard. On notera tout de même que pour la première fois aussi, la «Journée nationale du Chahid» décrétée officiellement le 18 février 1994, apparaît sur un timbre réalisé par Kamreddine Krim. On rappellera également que pour la première fois aussi dans l'histoire de l'Algérie, des événements mis délibérément aux oubliettes durant des décennies pour des considérations politiques refont surface pour être commémorés sur les timbres. C'est le cas des manifestations populaires du 27 Février 1962 à Ouargla, dont le 35e anniversaire a été célébré sur un timbre de Sid Ahmed Bentounès, émis le 12/2/1997. On citera surtout le cas du Cessez-le-feu décidé le 19 mars 1962, suite aux Accords d'Evian signés par le GPRA et le gouvernement français, et qui sont restés occultés durant 35 ans. Décrété désormais «Journée de la victoire», cet événement majeur dans l'histoire de l'Algérie sera enfin porté sur un timbre paru le 19/3/1997. L'année 1997 dans l'ère du président Liamine Zeroual verra la tenue des élections législatives du 5 juin 1997, sujet d'un timbre paru le même jour. Il sera suivi par une seconde figurine émise le 23/10/2000 sur les élections locales, puis par une troisième sortie le 25/12/1997, le jour de l'élection du Conseil de la nation. Cinq jours après, la Poste algérienne aura «la lumineuse idée» de sortir cinq timbres se tenant avec pour titre : «Parachèvement de l'édifice institutionnel». Une émission originale réalisée par Kamreddine Krim, où se trouvent représentés «côte à côte», la présidentielle du 16/11/1995, le référendum de la Constitution du 28/11/1996, les législatives du 5/6/1997, les locales du 23/10/1997 et le Conseil de la nation du 25/12/1997. Le GPRA est sorti lui aussi d'un très long anonymat. La photo historique du gouvernement provisoire sera portée sur un timbre le 19/9/1998 pour commémorer le 40e anniversaire de sa création. Le 8 octobre de la même année sera célébrée sur un timbre la Journée nationale de la diplomatie. L'année 1999 sera celle des changements. Elu le 16 novembre 1995 pour cinq ans, Liamine Zeroual décide, contre toute attente, d'écourter son mandat constitutionnel. L'année 1999 verra aussi le retour sur la scène nationale de l'ancien prétendant à la succession de Houari Boumediène en 1979. Rappelé par l'armée, Abdelaziz Bouteflika se portera comme «candidat libre» dans une présidentielle inédite dans l'histoire de l'Algérie. La veille du suffrage, six candidats (Hocine Aït Ahmed, Mouloud Hamrouche, Taleb Ibrahimi, Youcef Khatib, Mokdad Sifi et Abdellah Djaballah) annoncent officiellement leur retrait pour protester contre la fraude en faveur de Bouteflika. Ce dernier se retrouvera seul et unique candidat. Le 15 avril 1999, le jour du vote, la Poste émet un timbre sur l'élection présidentielle. Bouteflika sortira vainqueur. Une nouvelle ère commence. Une année après le Référendum sur le rétablissement de la concorde civile, un sujet illustré sur un timbre sorti le 16/9/1999, Bouteflika fera tout pour mettre en avant sa politique de la concorde civile à travers quatre timbres très généreux, avec des allégories marquées par une reprise exagérée des mêmes symboles usés et abusés (l'emblème et la colombe sur fond de rayons solaires et l'éternelle poignée de main). Ce sera le début du règne le plus long, et sans partage, d'un Président dans l'histoire de l'Algérie.