Le blogueur Merzoug Touati entame aujourd'hui, dimanche, son 26e jour de grève de la faim à la prison de Oued Ghir, à la périphérie de la ville de Béjaïa, où il est incarcéré depuis plus de huit mois. Son avocat, Me Hemaïli, décrit une personne très affaiblie physiquement et qui maigrit dangereusement. «Son état m'inquiète beaucoup», répond-il à El Watan. «J'ai peur qu'il subisse le même sort que Tamalt», nous confiait-il hier. Pour rappel, le journaliste Mohamed Tamalt est mort le 11 décembre 2016 à la prison d'El Harrach après une grève de la faim de trois mois qui l'a plongé dans le coma. Le blogueur Merzoug Touati a été arrêté par la police le 18 janvier dernier dans la ville de Béjaïa pour avoir diffusé sur son blog un entretien sur Skype avec un ressortissant israélien. Il a été gardé au commissariat central jusqu'au 22 janvier, mis ensuite sous les verrous à la prison d'El Khemis, avant d'être transféré à la prison de Oued Ghir. Il a entamé une grève de la faim le 13 septembre dernier pour réclamer du tribunal sa libération et que l'on entende les témoins que son avocat a proposés au juge d'instruction. Mardi dernier, présenté devant celui-ci, son état de santé l'empêchait de comparaître devant le magistrat. «Il chuchotait à peine», nous affirme son avocat qui assure que son client a perdu «entre 13 et 15 kg». Me Hemaïli a introduit, le lendemain, une nouvelle demande de remise en liberté provisoire ou de contrôle judiciaire. Elle a été rejetée comme les précédentes «sans motivation», selon Me Hemaïli qui assure que rien dans le dossier de son client ne justifie son incarcération. «Il n'est pas récidiviste, il a une résidence fixe, et les preuves contre lui ne sont pas solides. Il peut être libéré le plus normalement du monde», nous dit-il. Le rejet de la demande de libération a été «notifiée» par un sms à l'avocat qui a introduit un appel. Mais, selon lui, «la chambre d'accusation confirme toujours les ordonnances du juge d'instruction» malgré les arguments de l'avocat dont ceux rappelant que le code des procédures pénales considère pourtant la détention préventive comme une exception. Le tribunal de Béjaïa a retenu contre Merzoug Touati la lourde accusation «d'intelligence avec l'étranger», ainsi que d'autres, dont celle d'incitation à la violence. «Il est catégorique, il ne veut pas arrêter sa grève de la faim», déclare Me Hemaïli. «Je lui ai demandé de cesser la grève, mais il refuse jusqu'à ce qu'on lui donne ses droits», nous confie la mère du détenu. Dans un communiqué de presse, diffusé hier, Reporters sans frontières (RSF) «s'alarme de l'état de santé du blogueur» et rappelle qu'«accusé d'intelligence avec une puissance étrangère, il risque jusqu'à 20 ans de prison».