Les œuvres de Salima Abdellaoui sont « faciles » à décoder. Le commentaire émane d'un « profane » qui se dit habitué des galeries d'art algéroises, rencontré récemment à la galerie Racim (avenue Pasteur, Alger-Centre). Un lieu mythique de la peinture algérienne qui abrite actuellement une exposition collective intitulée « Mémoires ». Aux « côtés » de toiles algériennes, irakiennes, égyptiennes et autres, les deux tableaux de Salima Abdellaoui ne passent pas inaperçus. Le premier représente un groupe de femmes targuies rentrant, « tard », chez elles. Des couleurs sombres et froides, et en même temps chaudes et éclatantes. Le paradoxe est magistralement « peint » dans ce « semi-figuratif », ayant pour titre Retour tardif. C'est le style dans lequel excelle cette artiste à la mine enfantine. Le côté sombre est ce bleu foncé, associé à un vert prononcé. Quant à la partie « visible », autrement dit, le « doux visage » de la femme targuie, elle est mise en valeur telle une lumière que l'on n'apprécie nulle part ailleurs que dans le vaste pays des Touaregs. « Je me suis toujours inspirée de cette région du Grand Sud algérien. J'adore le Hoggar, sa culture et surtout la silhouette de ses hommes et femmes », confie l'artiste pour qui les « grands espaces » demeurent la toile de fond par excellence de tous ses travaux. A propos du deuxième tableau, intitulé Union, Salima préfère inverser les rôles, afin d'avoir le cœur net quant au message qu'elle veut transmettre. C'est à elle de poser la question, à notre adresse. « Avez-vous saisi quelque chose ? », dit-elle. Nous répliquons : « Une espèce de rassemblement d'hommes. » « Vous avez vu juste », enchaîne-t-elle. « C'est un hymne à l'union des Arabes. Les Arabes devraient s'unir sous le même drapeau et avoir une monnaie commune, comme en Europe », dit-elle, « innocemment et sans trop tartiner là-dessus ». Salima qui parle peu, « par nature », préfère... papoter autrement. Sa voix, c'est son pinceau qui a cette propension à saisir l'image « dans le vol du mouvement ». « Je peint l'âme du tableau », relève-t-elle. Et comme pour donner encore plus de précisions dans ses propos, « je fais en sorte de dégager de la douceur dans toute œuvre que j'entreprends ». Plusieurs expositions sont à l'actif de Salima Abdellaoui, à Oran sa ville natale, à Alger et à l'étranger, notamment en France. « Je remercie mes amis artistes et les responsables de l'UNAC qui me sollicitent régulièrement », souligne cet « éternel enfant aux yeux doux », comme aiment à l'appeler ses amis. Son père Ahmed Abdellaoui, ancien journaliste à la RTA (actuellement ENTV), poète et écrivain, l'a énormément encouragé à suivre le chemin des arts alors qu'elle était môme. Il le faisait même qu'elle griffonnait de beaux dessins sur les murs de sa chambre.