Suite, ar mûr e, coups de barres » est le titre énigmatique de l'exposition que Mustapha Nedjaï a dévoilée, jeudi, à la galerie Mohamed Racim. En vérité, un mystère vite levé par le peintre lui-même. « Vous avez vu le cube », s'exclame Mustapha Nedjaï en accueillant les invités qui se pressent à la réception donnée à l'occasion du vernissage de son exposition. L'œil du visiteur est immédiatement attiré par l'objet translucide qui trône bien en vue au milieu de la salle. « C'est comme un rubicube. Mais j'ai placé une phrase à l'intérieur ‘‘Faites vos je !'' Ça veut dire, arrêtez de voter bêtement ! » Direct, l'artiste explique qu'il en a assez et que « le coup de barres » revient comme un leitmotiv par rapport à tout ce qu'a vécu et que vit encore son pays. Son art, il l'utilise pour exprimer son « ras-le-bol ». Les exemples s'enchaînent : l'amendement de la nouvelle Constitution, le vote... Autant de raisons qui dictent ses thématiques. « Je réagis par rapport à ce que je vis tout simplement. » Et de poursuivre en parlant de ses « allergies », de celles qu'il a développées dès qu'il est entré à l'Ecole des beaux-arts d'Alger et qui sont à la source même de son inspiration. Disert, l'homme admet qu'il se dévoile facilement et « qu'il préfère faire le contraire de ce qui se fait ». Entre les rouges, les noirs et autres variétés de couleur, avec ou sans titre, du « Sas » au « Passage », ses œuvres jalonnent et mènent le visiteur le long d'un chemin abstrait, dont l'expression traduit les fortes pensées du peintre. « Notre société est dans un sas actuellement, il y a les vrais murs et pis encore, ceux qui sont dans nos tête. » Pour l'artiste, même si l'Algérie est plus calme, la subversion a pris un autre visage. « Quand je vois tous ces barrages qui nous compliquent la vie, le coup de barres est là aussi... », rajoute-t-il songeur. Et de convenir que son pays est fait de contradictions et de contrastes et que même s'il y a toujours autant de génie et de créativité, le paradoxe politique prend la place. « Le chemin est encore long pour arriver à une véritable démocratie… » Mais point de fatalisme dans son discours, car, selon lui, malgré la marchandisation des valeurs, « ça ne basculera pas en arrière ». Et de conclure : « Reste à espérer que ça n'en restera pas là. » Provocateur Mustapha Nedjaï ? Peut-être. Sincère ? Certainement. Ses coups de barres sont à découvrir à la galerie Mohamed Racim jusqu'au 11 juin. Suite, armûr e, Coups de barres Mustapha Nedjaï Galerie Mohammed Racim 7, avenue Pasteur - Alger