Malgré l'éradication de 15 décharges sauvages ces dernières années, la situation de l'environnement dans la wilaya de Boumerdès demeure préoccupante. Des tonnes de déchets sont jetées à ce jour aux abords des routes, sur les rives des oueds, dans les forêts, et bien évidemment près des zones d'habitation. Selon le dernier rapport de la direction de l'environnement, la quantité de déchets générée au niveau de la wilaya est passée de 388 t/j en 1998 à 662 t/j en 2016. Annoncée à maintes reprises, l'ouverture du centre d'enfouissement technique de Zaâtra (Zemmouri) n'est pas encore intervenue. Implanté sur une superficie de 30 ha, ce CET devra accueillir les déchets ménagers des communes de Bordj Ménaïel, Zemmouri, Legata, Cap Djinet, Issers et Si Mustapha. Aujourd'hui, seules 20 communes de la wilaya jettent leurs ordures au niveau du CET de Corso. Un centre où on traite 65% des déchets de la wilaya, soit 430 t/j. Le reste, soit 232 t/j, produites par 12 communes de la région, est jeté dans la nature. Ce qui porte atteinte à divers milieux naturels et espèces. Ainsi, à Bordj Ménaïel, une commune de 80 000 habitants, pas moins de 25 tonnes d'ordures ménagères sont jetées journellement à la sortie sud de la ville sur un terrain jouxtant une forêt qui devait servir de lieu de villégiature. L'endroit est devenu infréquentable à cause des puanteurs qui se propagent à plusieurs kilomètres à la ronde. Idem à Naciria, où les ordures ramassées à travers la commune sont jetées à proximité d'un champ d'oliviers. Les promesses portant création d'un CET dans la région ont buté sur les oppositions des citoyens et le manque de terrain. Ce problème est à l'origine du blocage d'un projet similaire à Beni Amrane et de trois décharges contrôlées dans les localités de Dellys, Khemis El Khechna et Afir. Les déchets de ces communes et tant d'autres sont transférés au CET de Corso. Ce qui n'est pas une mince affaire, en raison de l'éloignement du centre et des coûts que cela implique. «On assure 2 rotations vers le CET par jour. On a 6 camions, mais ils tombent souvent en panne. La collecte des ordures constitue un véritable casse-tête pour notre APC», dira M. Zeroual, le P/APC sortant. Force est de constater que même les déchets dangereux sont parfois jetés dans la nature. Selon nos sources, la wilaya génère 489 791 t/an de déchets hospitaliers et compte plus de 200 établissements qui produisent des déchets spéciaux dangereux, dont 10 unités spécialisées dans la fabrication de produits chimiques, 93 dans l'agroalimentaire, 26 dans les produits pharmaceutiques, etc. Cependant, le nombre d'incinérateurs est limité à 12, dont la plupart sont installés dans des organismes privés, tandis que les banaliseurs, au nombre de trois, sont placés au niveau des hôpitaux de la région. Aujourd'hui, la solution passe par le développement des techniques de tri sélectif des déchets et leur recyclage. Mais cette technique n'est, bizarrement, évoquée que lors des séminaires et autres journées scientifiques budgétivores. Pas plus.