La soirée a été animée par une pléiade de talentueux artistes locaux. Les spectateurs ont eu droit à un véritable one man show sur les planches du TRB de la part de Djamel Allam qui a raconté une série d'anecdotes, livré des confessions et des messages collant à l'actualité… Emouvant était l'hommage rendu par l'Office national des droits d'auteur et des droits voisins (ONDA), dans la soirée de samedi, au chanteur Djamal Allam au théâtre régional Malek Bouguermouh de Béjaïa (TRB). La salle était pleine comme un œuf, le public s'assoit à même le sol. La moitié des sièges est occupée par des invités dont une multitude de comédiens et de chanteurs de la scène nationale, aux côtés de deux ministres, à savoir Azeddine Mihoubi, le ministre de la Culture, et Ould Ali El Hadi, le ministre de la Jeunesse et des Sports, en plus de la présence du wali de Béjaïa, Mohammed Hattab, et du DG de l'ONDA, Sami Bencheikh El Hocine, qui ont honoré l'auteur de Mara dyughal (quand il reviendra) en lui dédiant ce spectacle et en lui offrant des cadeaux. En dehors du programme musical tracé pour cette soirée et interprété par une pléiade de talentueux artistes locaux, les spectateurs ont eu droit à un véritable one man show sur les planches du TRB de la part de Djamal Allam, qui a raconté une série d'anecdotes, livré des confessions et des messages collant à l'actualité, puisqu'il a parlé également de la femme, des élections et de l'état de sa ville natale, Béjaïa. Djamal Allam s'est approprié la scène comme au bon vieux temps où il enchantait ses fans, à la façon, cette fois-ci, d'un comédien jouant une pièce de théâtre constructive. C'est la seconde partie de la soirée. Sur une chaise, face au public dans son costume blanc, une écharpe jaune autour du cou, l'auteur de Djawhara a puisé de ses réserves de force pour offrir pour la énième fois de l'amour et beaucoup de plaisir à ses inconditionnels malgré sa voix «cassée par la chimio», dira-t-il, et le corps affaibli par la maladie. «Tout d'abord je dois préciser que je ne suis pas mort», lance-t-il à ses détracteurs qui l'ont donné comme décédé sur un site électronique d'informations, il y a quelques mois. «Ceux-là ont fait beaucoup de mal à ma famille, mais je leur pardonne. Nous sommes tolérants malgré votre méchanceté», lance-t-il avant de clore cette polémique. Malgré sa fatigue, l'artiste se ressource lorsqu'il retrouve le grand compositeur Safy Boutella. Ce dernier a composé un fond musical et un extrait du recueil de poésie Le Prophète de Gibran Khalil Gibran, où il parle des enfants, superbement déclamé samedi par Djamal Allam. Dans le même contexte, l'auteur de Ur tsru (Ne pleure pas) dénonce la misogynie et appelle à aider «la femme, qui donne la vie, à avoir sa place qui lui sied dans la société». Tantôt il s'assoit, puis il se lève et fait quelques pas hésitants, Djamal Allam fait le tour de la scène, puis assène une autre observation. «J'ai constaté que sur les listes électorales les noms des candidates sont remplacés par des roses, des avatars ou des voiles. Ceci est le reflet d'une société conservatrice et fermée sur elle-même et qui pèse de tout son poids sur la vie publique». Et c'est de cela que parle le court métrage de Djamal Allam, Le banc public, projeté en début de soirée et qui lui a valu un Olivier d'or lors du dernier Festival du film amazigh. «Les mentalités doivent changer. Et c'est ici même, sur ces planches, à travers l'art et le théâtre qu'on peut éduquer, cultiver et civiliser les gens», dit-il. Dans la foulée, l'auteur de Thella (Elle existe) informe son public que bientôt, «un recueil de poésie qu'il a édité, accompagné d'un CD, sera disponible dans les librairies». Par ailleurs, le public qui est venu également écouter Djamal Allam n'a pas été déçu. L'artiste a puisé dans ses chefs-d'œuvre, à l'exemple de Mara dyughal, Awid afusim, avec lesquels il a subjugué ses fans qui reprenaient en chœur ses chansons. Le ministre de la Culture, Azeddine Mihoubi, a profité de cette soirée pour annoncer publiquement qu'un «autre hommage au chanteur Djamel Allam sera organisé à l'Opéra d'Alger, mais nous avons tenu à ce que d'abord sa ville natale lui rende hommage en premier». Il a également saisi l'occasion pour répondre à l'accusation de «récupération» qui lui a été faite pour sa dernière visite personnelle qu'il a effectuée chez Djamel Allam en s'interrogeant : «Que devrions- nous faire ? Si on se déplace, on nous accuse de récupération et lorsqu'on ne vient pas, on nous reproche l'oubli des artistes.» Et de glisser : «Ne nous dites pas que le fait que le président Bouteflika salue cette initiative de l'ONDA et Djamal Allam relève aussi de la récupération.» Par ailleurs, une pléiade d'artistes évoluant dans divers genres musicaux s'est relayée pour interpréter quelques chansons de Djamal Allam, ainsi que d'autres titres de leurs propres répertoires. Parmi eux, Tayeb Brahim, Mamou Benzayed, Boudjemaâ Agraw, Boualem Bouzouzou, Groupe Talsa, Yassine Zouaoui, Mounia, Samia et Yasmine Bouyahya, Aziz Zaïdi et Hafid Djemaï.