Après la «campagne d'Egypte» qui a laissé de profonds stigmates dans les mémoires collectives des Algériens et des Egyptiens, le terrain de football fait de nouveau s'enflammer les relations entre l'Algérie et un autre pays arabe, le royaume d'Arabie Saoudite, suite à la banderole déployée par des supporters dans un stade algérien, montrant un portrait de frères siamois, incarnés par le roi Salmane et le président américain Donald Trump, en signe de solidarité avec la cause palestinienne. Ce fait divers serait passé inaperçu, n'étaient les protestations des autorités saoudiennes, qui ont fermement réagi en demandant des excuses officielles du gouvernement algérien. Chose qu'ils auraient obtenue, selon un tweet de l'ambassadeur d'Arabie Saoudite à Alger posté hier. Réagissant à la place des autorités algériennes, le diplomate saoudien a annoncé que le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a chargé le président du majliss echoura saoudien, en visite en Algérie et qu'il avait reçu en audience mardi, de transmettre aux autorités saoudiennes les excuses de l'Algérie, peuple et gouvernement, suite à cet incident. Avant lui et pour montrer toute l'indignation et la réprobation par les autorités algériennes de ce geste peu fair-play au goût de Riyad, le ministre de la Justice et garde des Sceaux, Tayeb Louh, a immédiatement réagi en annonçant l'ouverture d'une enquête pour faire la lumière sur cette affaire, tout en rappelant, très diplomatiquement, le rôle joué par l'actuel monarque dans le soutien à notre Révolution. Mais tous ces gestes d'apaisement ne semblent pas avoir calmé pour autant la colère des Saoudiens. La riposte qu'ils avaient promis est venue sans tarder d'une manipulation anonyme de l'image diffusée hier sur le Net et montrant des supporters saoudiens déployant dans une tribune d'un stade de football du royaume une gigantesque banderole politiquement connotée pointant le «Président paralysé et le peuple humilié». L'événement a fait le buzz sur la Toile en Algérie, où les internautes, piqués au vif, se sont acharnés sans retenue contre le régime saoudien. La diplomatie saoudienne n'a pas jugé utile de s'exprimer sur cette banderole outrageante attribuée à des supporters saoudiens pour démentir son authenticité, entretenant ainsi par ce silence, au sein de l'opinion algérienne, le doute sur l'existence réelle de la banderole en question. Dans cette guerre médiatique engagée entre les deux parties, c'est incontestablement l'Arabie Saoudite qui empoche les dividendes. Ce pays a fait passer en effet le message qu'il voulait à travers cette banderole pour laver «l'affront» des supporters algériens sans en assumer les conséquences politiques du fait qu'il n'en assume pas la paternité. Dans cette affaire, comme lors de la crise qui avait secoué les relations algéro-égyptiennes à l'occasion du Mondial de football, il ne faudrait sans doute pas s'attendre à ce que la diplomatie algérienne se mette en action, ne concédant aucune concession à personne, aussi puissant puisse-t-il être, lorsque la dignité des Algériens est en jeu. La diplomatie active, ce ne sont pas des mots ou des marchandages politiques, c'est dans l'action quotidienne et à l'épreuve des crises qui peuvent survenir entre Etats et de leur gestion que l'on mesure le poids diplomatique d'un pays et la force d'une nation.