A l'évidence, les récentes déclarations, dans la presse israélienne, de Dov Weisglass, chef de cabinet et principal conseiller du Premier ministre israélien, Ariel Sharon, ne devraient pas surprendre ou constituer un fait nouveau. Elles seront alors traitées comme telles, un aveu faisant que le monde entier a découvert que le peuple palestinien est actuellement la proie d'une très grande supercherie politique. Le pire dans ce véritable complot, que représente le plan de désengagement unilatéral envisagé par Sharon, est la totale complicité entre Israël et les Etats-Unis et autres qui croient ainsi pouvoir rivaliser dans cette surenchère. Rappelons que ce plan prévoit un retrait israélien de 21 colonies de la bande de Ghaza et de 4 colonies isolées en Cisjordanie occupée d'ici à la fin 2005. Dov Weisglass, principal metteur en scène de ce plan, a déclaré au journal Haaretz que le but de ce plan est d'empêcher indéfiniment, avec l'accord des Etats-Unis, la création d'un Etat palestinien : « La signification de notre plan de désengagement est le gel du processus de paix. Cela fournit le formol nécessaire pour qu'il n'y ait pas de processus politique avec les Palestiniens. » Il a ajoute dans la même interview : « Quand vous gelez le processus, vous empêchez la création d'un Etat palestinien (...) Effectivement, cet ensemble appelé Etat palestinien, avec tout ce que cela suppose, a été supprimé indéfiniment de notre calendrier. Et tout cela a été obtenu avec (...) une bénédiction présidentielle », en référence au soutien apporté en avril dernier par le président américain George Bush au plan de retrait de la bande de Ghaza. « Avec la lecture que les Américains ont fait de la situation, la faute est retombée sur les Palestiniens, pas sur nous », explique Weisglass. En fait, cet homme chargé de la coordination entre le gouvernement israélien et l'Administration américaine a mis a nu les véritables intentions de Sharon, qui a toujours été opposé à tout processus de paix entre Israéliens et Palestiniens. C'est lui qui a mis fin aux accords d'Oslo conclus en 1993 entre l'OLP et le gouvernement israélien, dirigé à cette époque par Itzhak Rabin, lui-même assassiné par un extrémiste israélien. Selon l'agenda de celui que les Palestiniens ont surnommé le boucher de Sabra et Chatila, il n' y a aucune place dans la région pour un Etat palestinien indépendant et viable. Son plan de désengagement unilatéral et la construction d'un mur de séparation raciste en Cisjordanie occupée, long de 730 km, visant à annexer de facto à Israël, plus de la moitié de ce territoire palestinien sont les redoutables armes, dont il dispose pour annihiler ce projet national palestinien. Sur le terrain, dans le nord de la bande de Ghaza, l'agression israélienne en est à son douzième jour avec deux nouvelles victimes palestiniennes hier à Beit Hanoun. 102 Palestiniens ont été tués dans cette agression. Ce qui caractérise cette opération militaire israélienne, la plus importante du genre depuis 4 ans, c'est le nombre élevé de victimes parmi les enfants palestiniens. 28 ont été tués, alors que 135 autres ont été blessés. Deux de ces enfants, âgés de 14 ans chacun, sont morts jeudi dans le camp de Djabalia, déchiquetés par les éclats d'un obus de char israélien, alors qu'ils jouaient parmi les décombres d'un centre de jeunesse, démoli peu auparavant par les envahisseurs.Le même jour, un autre Palestinien de 16 ans, atteint le 1er octobre, a succombé à ses blessures. Depuis que les chars israéliens se sont installés dans la région, les habitants du nord de la bande de Ghaza vivent un véritable cauchemar. Assiégées par les forces israéliennes, des milliers de personnes sont cloîtrées dans leurs maisons. En plus du manque de lait pour les enfants, leur plus grande préoccupation est le manque d'eau potable ainsi que la coupure du courant électrique. Des organisations internationales font de grands efforts, afin d'apporter une aide minimale à ces sinistrés, comme le comité de la Croix-Rouge internationale et l'UNRWA (organisation onusienne d'aide aux réfugiés palestiniens). Les forces israéliennes ne facilitent nullement leur mission de sauvetage. Lorsqu'ils réussissent à avoir les autorisations nécessaires, les convois doivent attendre plusieurs heures avant de pouvoir pénétrer dans certains endroits. Cette opération militaire d'envergure dont le but déclaré est de mettre un terme au lancement de roquettes de type Qassam vers la localité israélienne de Sderot, proche de la bande de Ghaza, est un échec, puisque les résistants palestiniens ont réussi, jeudi, à tirer deux de ces roquettes artisanales depuis l'intérieur du périmètre occupé par les chars israéliens. Galvanisés par le veto américain de mardi contre une résolution présentée par l'Algérie au Conseil de sécurité de l'ONU leur demandant un arrêt des opérations militaires dans le nord de la bande de Ghaza, les Israéliens pourraient accentuer cette escalade militaire qui pourra s'étendre à d'autres régions. Le silence de la communauté internationale ainsi que l'incapacité du monde arabe donnent aux Palestiniens un sentiment de solitude et de désespoir difficile à surmonter.