Grogne des étudiants et lycéens, interrogations inévitables des enseignants et simples citoyens devant la persistance de la fermeture du seul endroit du centre-ville assurant le contact avec le livre. Des milliers de livres sont la proie des rats et autres bestioles devenus rois d'un lieu qui menacerait ruine ou dont les murs risquent de s'effondrer. C'est le constat fait par les services techniques de la commune pour vider les lieux dont le voisinage est très commercial. Y aurait-il un intérêt pécuniaire dans la persistance de la fermeture et la mise au chômage des salariés et des personnes ayant besoin de cet espace somme toute vital ? « Nous n'avons pas un lieu où travailler en ville et les vacances passées ont été une souffrance pour nous », ont déclaré des étudiantes et étudiants originaires du Tchad. L'imposante bâtisse de la rue des frères Chouiet ou « zenqet leyhoud » se voit imposer un achalandage de produits « made in » accrochés à ses murs et dont les surfaces seraient louées au prix fort. « Ce sont de véritables boutiques clandestines qui fleurissent en l'absence de l'autorité de l'Etat », déclarera en colère un des commerçants approché : « Allez demander à toutes ces personnes si elles paient des impôts. Elles vont vous rire au nez ou croire que vous venez d'une autre planète », assurera un autre commerçant « légaliste ». Tout réflexe en ces lieux est lié à l'argent et personne ne se soucie de la richesse intellectuelle, plus grave, de la formation des générations. Un habitué des lieux de l'esprit affirme que certains titres ne se trouvent même pas à la BN et qu'il serait dommage de perdre une partie de ce trésor par la faute des rats et des inconscients.