«Si je suis venu de Kabylie, ce n'est pas pour des vacances mais pour bosser afin d'aider ma famille qui n'arrive pas à subvenir à ses besoins», affirme Hakim, étudiant à l'université de Tizi Ouzou. Si l'été représente pour les uns la saison des vacances, de détente et du repos, pour certains, elle constitue une opportunité pour travailler, se payer ses études et gagner son argent de poche. C'est le cas de la majorité des étudiants abordés dans le cadre de ce reportage. Ils sont tous unanimes à dire que l'été pour eux, est une saison, pour s'adonner aux petit boulots. En effet, les jobs d'été répondent à des impératifs différents. Juste après les examens et le début des grandes vacances de fin d'année, la chasse aux petits boulots est ouverte. Venant de tous les coins du pays, des milliers de jeunes (étudiants et lycéens) sillonnent les côtes d'Alger. L'objectif: trouver un petit job. Ils sont nombreux ceux qui cherchent à travailler durant la saison estivale, prenant pour cible entre autres, les restaurants, les cafés, les grandes surfaces, etc. Chacun a ses motivations dans cette quête à l'emploi durant la période la plus chaude de l'année, synonyme de grandes vacances. Les revenus très bas des parents, la hantise de l'ennui et le désir d'améliorer la situation financière de la famille sont, pour la majorité des cas, observés à l'origine de la recherche d'un travail durant la saison estivale. «Dès l'approche de la fin de l'année universitaire, je commence à chercher un petit boulot. C'est devenu une habitude pour moi», nous a déclaré, Ali, étudiant de troisième année à la faculté des sciences politiques et de l'information à Alger et qui travaille dans un hôtel de la capitale. Pour cet étudiant, travailler en été représente un luxe car explique-t-il: «travailler durant la saison estivale est une solution pour passer mes vacances juste à côté de la plage et payer ensuite mes études l'année prochaine». Les conditions financières «insuffisantes» de la majorité des étudiants et lycéens sont à l'origine de la recherche d'un petit boulot en été. C'est en tous les cas ce qui ressort de notre enquête. «Moi, je travaille pour aider ma famille, surtout que le mois de Ramadhan est à nos portes», explique Nadir, un jeune lycéen, âgé de 18 ans, admis cette année en classe de terminale. Il travaille dans un magasin de vêtements à Alger-Centre. Cette situation est également partagée par Hakim, un jeune étudiant originaire de Tizi Ouzou et qui travaille à Staouéli dans un restaurant de luxe. «Si je suis venu de Kabylie, ce n'est pas pour passer des vacances à Alger-Plage, mais plutôt pour bosser afin d'aider ma famille qui n'arrive pas à subvenir à ses besoins», nous confie-t-il. La bourse universitaire en Algérie, qui a été portée à 4050 DA/trimestre demeure en effet insuffisante. Elle ne peut couvrir les dépenses des étudiants durant toute l'année. «Je suis contraint de travailler durant l'été, car la bourse ne me permet pas de payer mes études, acheter des livres et assumer d'autres dépenses», nous a fait remarquer un jeune étudiant en langue française, de l'université d'Alger qui travaille dans un restaurant à Sidi Fredj, une ville côtière située à l'ouest de la capitale. «J'ai choisi de travailler dans ce coin (Sidi Fredj) pour deux raisons: la première, pour amasser de l'argent, payer mes études et aider par la suite ma famille. J'essaie de faire donc d'une pierre deux coups», a-t- il ajouté. Les endroits ciblés sont essentiellement les zones côtières et touristiques. Et pour cause. Des restaurants, des bars, des hôtels, des cafétérias, offrent les plus grandes opportunités pour trouver un boulot saisonnier. Ces lieux de travail permettent de ramasser un petit pécule et par la même occasion passer des vacances à quelques pas de la plage. Joindre l'utile à l'agréable en quelque sorte. Les employeurs interrogés affirment qu'ils préfèrent faire travailler des étudiants pour des raisons multiples. En premier lieu, ils (les étudiants) n'exigent pas un salaires élevé. Les salaires varient entre 15.000 et 18.000 DA le mois. Les jeunes étudiants constituent une main d'oeuvre qui convient à ce genre de job. De par cette opportunité, des centaines concentrent leur recherche d'un job sur les zones côtières. C'est le cas de Hakim qui est venu de Kabylie, il travaille comme serveur dans un restaurant à Staouéli. «Dès que la fin de l'année s'annonce, je dois me débrouiller un boulot saisonnier. C'est devenu une habitude. Mon objectif est de ramasser de l'argent et passer mes vacances au bord de la mer», a-t-il déclaré, en guise de réponse à notre question. Vêtu d'une chemise blanche et d'un pantalon classique, le jeune étudiant a affirmé que travailler durant l'été représente pour lui une occasion de se payer ses études la rentrée prochaine, acheter des livres, payer les frais d'inscription et faire aussi des démarches pour poursuivre ses études en France où il projette de les finir. C'est le même cas pour Lwennas, lycéen âgé de 19 ans et habitant la capitale. Il travaille dans une «buvette» à «Fort-de-l'eau», une ville côtière de quelque 100.000 habitants, située à l'est d'Alger. Pour lui, travailler durant l'été lui permettra de ramasser de l'argent de poche. «Je préfère travailler en été pour ne pas demander à mon père de l'argent car il ne peut pas subvenir aux besoins de toute la famille», nous a-t-il confié. Travailler durant la saison estivale n'est pas l'apanage des seuls garçons. C'est également le cas de beaucoup d'étudiantes. Plusieurs d'entre elles préfèrent bosser durant la période des vacances pour, entre autres, échapper aux tâches ménagères quotidiennes. «Moi je préfère travailler durant la période des grandes vacances. Mon objectif consiste à amasser de l'argent pour aider, d'une part ma famille et pouvoir me payer mes études, d'autre part», a confié Souad, étudiante en deuxième année, à la faculté des sciences juridiques d'Alger. «Les revenus financiers insuffisants de mon père me poussent à travailler durant l'été. Je n'ai pas le choix.», raconte-t-elle. Souad travaille dans un magasin de vêtements à la rue Hassiba-Benbouali à Alger-Centre. Les filles, comme les garçons, vivent finalement les mêmes contraintes. La précarité les confronte très tôt au monde du travail. Une expérience somme toute pas trop désagréable qui pourrait les aider à mieux appréhender leur avenir professionnel.