Le directeur de la Santé reconnaît que 26 salles de soins implantées dans les zones rurales demeurent fermées depuis la décennie sanglante. Il en attribue l'origine au manque de personnels de soins (médecins, infirmiers et sages femmes) et fera savoir qu'un effort particulier est consenti par les autorités sanitaires pour remédier à cette situation avant l'été prochain. Les responsables qui se sont succédés à la tête de la wilaya et de la direction de la Santé ont fait la même promesse sans qu'ils honorent leurs engagements, laissant l'état des lieux empirer au fil des mois. A ne rien comprendre, pendant que des médecins et des agents paramédicaux sont au chômage forcé, les autorités se plaignent du déficit de cette catégorie de personnel. Des femmes sans aucune assistance médicale meurent au cours de leur transfert, si elles ont la chance d'être évacuées sur une civière, car les moyens d'intervention ou de prise en charge sur place sont quasi inexistants. ELOIGNEMENT Le cas de la daïra de Beni Haoua, à 100 km au nord-est du chef-lieu de wilaya, est édifiant à plus d'un titre. Faute de sages-femmes à temps plein au niveau de la polyclinique locale, les patientes sont transférées jusqu'à Damous ou Sidi Ghiles, dans la wilaya de Tipaza. Il est rare qu'elles accouchent dans des conditions normales vu l'éloignement de ces structures et l'état dans lequel elles sont transportées. Si les citoyens de Beni Haoua et Breira, entre autres, optent pour cette destination, c'est parce qu'il n' y a pas un service d'accouchement fonctionnel dans leur région et que l'hôpital le plus proche de la wilaya de Chlef est situé à 50 km, de surcroît au bout d'une route en très mauvais état. Ce qui est valable à Beni Haoua, ville côtière située sur la RN 11, l'est aussi pour les localités rurales éloignées telles que Beni Bouattab, Decheria, Bissa et Mossadek. Là aussi, les structures de soins nécessaires font cruellement défaut depuis des décennies. Rien d'étonnant dans ces conditions à ce que la mortalité infantile et maternelle soit de loin supérieure à celle enregistrée dans les zones urbaines. Qu'a-t-on fait pour y remédier et pourquoi les sommes colossales dégagées pour le développement local n'ont-elles pas profité à la santé en milieu rural ? C'est la question qu'on est en droit de se poser devant la situation dramatique que vit la population rurale dans ce domaine.