La consommation de l'eau sera payée plus chère. C'est le ministre des Ressources en eau qui l'a déclaré hier au siège de son département où il a reçu le secrétaire général de l'Union national, des paysans algériens (UNPA). Le relèvement des tarifs de consommation d'eau est « nécessaire », a martelé Sellal devant les représentants de l'UNPA, venus pour faire part des nombreuses préoccupations. L'avant-projet de loi portant nouvelle tarification de l'eau devait être examiné, a annoncé l'orateur, hier soir lors du Conseil du gouvernement. Les factures de consommation d'eau seront ainsi éligibles à une augmentation si les différentes instances approuvent cette nouvelle mesure. Les grands consommateurs, les industriels notamment, « doivent payer », a-t-il affirmé. Le Trésor ne peut plus continuer à subventionner le prix actuel de l'eau, a-t-il fait remarquer. Sur le principe de cette augmentation, Sellal a, à travers l'UNPA, convaincu 80% de la clientèle du secteur concerné. Il faut, en effet, savoir que le secteur de l'agriculture représente entre 70 et 80% de la consommation nationale de ce précieux liquide. « Si les prix augmentent de 30 à 40%, ce n'est pas grave », a affirmé quant à lui le secrétaire général de l'UNPA. Pour sa part, Abdelmalek Sellal a motivé la future hausse des prix de l'eau par le fait que l'Algérienne des eaux (ADE) dépense 24,8 DA pour le traitement d'un mètre cube d'eau puisé dans le barrage, avant de le céder à 9 DA le mètre cube. « L'Etat considère que c'est trop », a dit le ministre, qui rappelle que le tarif de l'eau par mètre cube est actuellement de 1,25 DA. Le premier responsable du secteur a considéré que l'Etat peut cependant participer au soutien du prix à hauteur de 50%. Serait-ce le cas d'instituer le prix de l'eau à 4 DA le mètre cube ? Pas si sûr. Un sorte de bipartite a comme pris forme hier entre les responsables de l'UNPA et le département de Sellal pour essayer de consigner les différentes propositions des deux partenaires. D'ores et déjà, autant l'UNPA que le ministère semblent s'être mis d'accord sur la nécessité de mettre en place des associations professionnelles (des fellahs) pour leur implication dans la gestion des différents dossiers concernant notamment le volet hydraulique du secteur. Et comme pour mieux définir déjà le rôle des ces futures associations, le principe d'une augmentation du prix de l'eau devrait, selon quelques secrétaires nationaux de l'UNPA, être discuté au niveau de ces associations. « J'ai envie de discuter des prix de l'eau une fois que les associations seront mises en places », a affirmé le secrétaire général de l'UNPA. Un des intervenants a affirmé qu'« il faut que les prix de l'eau soient subventionnés par l'Etat ». Le ministre, pour sa part, n'a pas omis de préciser que le prix actuel de l'eau ne dépasse pas le taux de 1,28% dans la production agricole. Cet argument, massue se veut bien entendu une réplique contre d'éventuelles résistances à ce projet d'augmentation de l'eau. Dans la foulée, un des grands problèmes soulignés au préalable : la mauvaise distribution de l'eau dans certains périmètres agricoles. Le ministre apparemment informé de la situation a qualifié la pratique de « trabendo de l'eau ». Son propos vise les Offices des périmètres d'irrigation (OPI). Accédant à la revendication des représentants des paysans de « contractualiser » les rapports entre les fellahs et les OPI, le ministre a affirmé sa volonté de mettre en place des « contrats d'abonnement » d'une manière « obligatoire ». La problématique posée renvoie au fait que les agriculteurs sont pénalisés, puisqu'ils subissent des pertes lorsqu'il y a interruption d'eau. La contractualisation a valeur de garantie pour ces fellahs qui s'estiment lésés dans bien des cas.