Ils sont entrés mardi dans leur 34e jour de grève de la faim. Amokrane, Boukhalfa, Bachir et M. (nous restons discrets sur leur identité, à leur demande, par souci de ne pas inquiéter leurs familles restées en Algérie) demandent un titre de séjour qui leur permettrait de résider régulièrement en France. Après huit ans de précarité, de squat, de demandes infructueuses auprès des préfectures de police de Paris et de sa région, les quatre hommes (un père de quatre enfants et trois célibataires) en sont arrivés à la grève de la faim. Alors que la température s'est considérablement rafraîchie, recroquevillés sous des couettes à l'intérieur d'une fragile tente, les quatre grévistes de la faim attendent une solution à leur situation de sans-papiers. Ils sont venus rejoindre, le 28 décembre 2006, le premier campement de sans domicile fixe installé Quai de Jemmapes, dans le Xe arrondissement, par l'association Les Enfants de Don Quichotte, pour attirer l'attention des pouvoirs publics sur la précarité des conditions de vie d'une partie de la population de France. Le 4 janvier, ils décident d'entamer une grève de la faim. Les seuls aliments qu'ils absorbent depuis sont l'eau et le thé chaud. Leur cas a été joint au dossier des SDF pris en charge par les Enfants de Don Quichotte pour un règlement global. L'hypothèse d'une solution leur a été présentée, ils attendent. Rien n'est arrivé. Toutefois, la solidarité s'organise autour d'Amokrane et de ses compagnons d'infortune. Un premier rassemblement a été organisé par des collectifs de solidarité Quai de Jemmapes le 25 janvier, un second rassemblement a eu lieu au même endroit le 4 février. A l'invitation du Réseau éducation sans frontières, qui tenait un rassemblement hier après-midi près de la fontaine des Innocents, une banderole attirant l'attention sur la situation des quatre grévistes de la faim algériens devait être déployée et une prise de parole engagée. Les grévistes de la faim ont reçu le soutien des Enfants de Don Quichotte, de collectifs de sans-papiers, comme le collectif Solidarité avec les sans-papiers 93, le collectif de Montreuil, l'association Cactus, le 9e collectif de Paris, le collectif de Kabyles de Paris, le Mouvement pour l'égalité, mais aussi de personnalités comme l'historien Mohamed Harbi qui s'est déplacé pour leur apporter de vive voix son soutien, ou le psychiatre Jean-Lou Poisson, président de l'association Les amis de Frantz Fanon, qui vient les voir régulièrement en tant que militant associatif mais aussi médecin. Aziz, du collectif Solidarité avec les sans-papiers 93, a installé depuis quelques jours son sac de couchage près de la petite tente des grévistes « pour donner l'alerte au cas où leur état physique venait à se dégrader », nous dit-il. Il ajoute qu'« un des grévistes a eu un malaise il y a trois jours ». Une équipe médicale dépêchée par la préfecture de Paris vient aussi régulièrement examiner leur état de santé. En attendant, la précarité d'une tente est leur seul refuge. Paris. De notre bureau