La région Aït Kheïr est connue à Tizi Ouzou et même au niveau national pour sa production de la poterie. Beaucoup de femmes de ce village, situé en face du Djurdjura, ont perpétué la tradition. Leur imagination créative est reproduite sur les décors qui ornent leur production. Ces gardiennes des traditions et des valeurs ont pris malheureusement leur retraite, et la relève n'est pas assurée. Les raisons du désintéressement des jeunes filles, qui ne veulent pas se « salir » les mains, sont multiples. La principale est l'écoulement sur le marché de milliers de pièces, entre autres, les plats, les cruches, les jarres, etc. La poterie peut pourtant capter deux marchés : culturel et commercial. Les femmes potières d'Aït Kheir, âgées pour la plupart, optent pour la production de plats en terre cuite pour cuisson (adhajin), qui semblent bien prisés sur le marché local et même en France. « Nos mères préfèrent ce produit, car il fait rentrer de l'argent pour leur famille. Plusieurs d'entre-elles trouvent tant bien que mal leur compte » , dit Hocine. Les rares femmes qui continuent vaille que vaille à produire, le font beaucoup plus par amour pour ce métier que pour autre chose. La production a, par conséquent, chuté de manière significative. Cet art traditionnel tend à disparaître totalement de la région. Les trois entreprises de céramique qui étaient en activité dans la région ne sont pas en reste. La plus importante, la Sarl Poterie artisanale, ne fonctionne qu'avec 8 travailleurs. Cette entreprise, créée en 1974 et qui employait 35 salariés, a fermé ses portes en 1997. Elle a été ensuite reprise par six de ses employés. « Cette unité, presque familiale, qui était, par le passé, un fleuron de l'économie locale, ne cesse de se dégrader. Nous avons de la peine à maintenir en l'état les équipements et les structures », déplore, Teboul Aïssa, gérant de cette Sarl. Le plafond de l'atelier est dégradé et le matériel de production, (le brouilleur, le malaxeur, les fours), sont très vétustes, a-t-on constaté. Les deux fours de l'entreprise consomment en moyenne 24 bouteilles de gaz de propane par mois chacun. Le non-raccordement de Mekla au gaz de ville pénalise ces artisans. L'entreprise produit, entre autres, des pièces de vaisselle, les services de table, les vases, les pots, les services à couscous et à eau. Généralement, la matière première est ramenée de Boumerdès et de Biskra, les produits sont écoulés nos produits sur les marchés de Bouira, Béjaia et Baraki. Les pouvoirs publics n'apportent pas assistance aux artisans en difficulté. Le secrétaire général de l'APC d'Aït Khelili dira : « Il s'agit du secteur privé. Les problèmes qu'ils ont posé au wali de Tizi Ouzou, lors de sa dernière visite dans la région, étaient surtout relatifs à la vétusté de leur matériel de production. On ne peut rien leur faire. Ils doivent se débrouiller. » Les artisans potiers devront encore garder leurs mains sur la pâte.