L'école est en passe de connaître de dangereuses évolutions qui menacent de la dépouiller de son sens d'espace d'éducation, de respect des règles et de la bonne discipline. C'est pour une histoire, pour le moins peu convaincante, que les élèves du lycée du chef-lieu de la commune de Taskeriout (Béjaïa) se sont rebellés et ont décidé de sécher leurs cours au début de cette semaine. Une histoire, disproportionnée, de réaménagement horaire qui a déplu aux « recalés » de la cantine scolaire qui n'ont pas admis que l'administration puisse décider de faire patienter les élèves d'une demi-heure ,le temps que les demi-pensionnaires se restaurent avant de reprendre les cours. L'accès de colère, attisé par les sanctions qui s'en sont suivies, a charrié un culbutis d'élèves grévistes qui ont pris la résolution de se faire justice jusqu'à envoyer par terre (volontairement ou non) un des responsables. « Réintégration immédiate des camarades », la revendication s'est voulue non négociable et « n'en déplaise à tout le monde », y compris aux parents démissionnaires dont la progéniture s'affranchit volontiers de leur tutelle. Les élèves semblent exprimer de la sorte le besoin vital de combler un vide, que leurs parents censés être les interlocuteurs recommandés de l'administration, ont créé. Trop absorbées par la « défense des intérêts moraux et matériels » des apprenants, les associations de parents d'élèves (APE) finissent par perdre le sens du devoir. Celui par exemple d'éviter que les élèves du lycée de Darguina ne sacrifient leurs cours pour protester contre l'exclusion de certains parmi leurs camarades du bénéfice, encore une fois, de la demi-pension, que les lycéens d'Aokas occupent la RN9 en solidarité avec la trentaine de recalés à qui l'on n'a pas voulu accorder une seconde chance pour le BAC…. De par le passé ,la fédération des APE a considéré, à juste titre d'ailleurs, que les exclus de l'éducation ne sont pas à blâmer du fait des grèves des enseignants qui ponctuent leur scolarité. Lundi dernier, ce serait l'intervention d'à peine une trentaine de parents d'élèves qui a permis la suspension de la grève de Taskeriout. Pour un lycée qui compte près de 1300 élèves, la démission des parents n'est que confirmée.