Les adjoints d'éducation ont décidé de mener une lutte pour faire valoir d'abord, leur fonction d'éducateur. L'adjoint d'éducation, comme son nom l'indique, est un des rares fonctionnaires qui porte la dénomination de l'affiliation au secteur de l'éducation aussi bien en arabe qu'en français, aux côtés du ministre de l'Education, du directeur de l'éducation et enfin du conseiller de l'éducation, et l'on constate que ces derniers sont les seuls corps à être en conformité avec l'intitulé «ministère de l'Education nationale». Et nous ne sommes pas dans l'enseignement supérieur ou dans la formation professionnelle ou bien l'enseignement à distance mais, bel est bien dans l'éducation, ce qui suppose forcément que l'éducation est la première mission de l'école. En plus de cette appartenance par l'appellation, l'adjoint d'éducation ne peut être confiné dans les missions administratives, tel que prévu actuellement par le nouveau statut particulier. C'est à partir de là que la réaction de cette corporation ne s'est pas fait attendre et les débrayages et les grèves, non plus. En effet, les adjoints d'éducation ont décidé de mener une lutte pour faire valoir d'abord, leur fonction d'éducateur, ensuite exiger une classification à la hauteur de leur mission et enfin revendiquer l'accession au grade supérieur et à la promotion au lieu de la stagnation dans le corps initial. Pour rester dans le volet éducatif et pédagogique, l'intervention de l'adjoint d'éducation en milieu scolaire, nonobstant le travail administratif qu'on lui fait faire, est absolument à caractère éducatif. Et les quelques cas de figures suivants sont illustratifs de l'acte quotidien et purement éducatif de cet adjoint d'éducation: 1- Sa présence lors des repas des enfants, internes ou demi-pensionnaires, est un moment très important pour l'éducation de l'enfant puisque c'est à ce moment-là, et pas en classe, que l'enfant est interpellé sur la nécessité de se laver les mains avant de manger, c'est aussi à cet instant qu'il apprend à bien se tenir à table, à utiliser soigneusement son couvert (fourchette, couteau et ustensiles). 2- Lors des mouvements de sorties et d'entrées de l'enfant où la discipline est de rigueur, l'éducation de l'enfant a aussi son importance à cet instant et celui qui veille à une bonne conduite et à la discipline, c'est l'adjoint d'éducation. 3-Pendant les récréations ou lors des permanences, le contact entre adjoints d'éducation et les élèves est plus souple par rapport aux autres composantes de l'école et l'enfant se confie mieux à un adjoint d'éducation, parle de telle ou telle contrainte avec franchise et sans hésitation et c'est à travers cela qu'il apprend aussi à se faire confiance, à ne pas douter de soi, à construire sa personnalité, à oser parler franchement avec d'autres acteurs au sein de l'école et à dialoguer, cette importante disponibilité et cette écoute de la part de l'adjoint d'éducation contribue à l'éducation de l'enfant. 4- Souvent et grâce au travail d'écoute et aux conseils de ces adjoints de l'éducation, on arrive à mieux connaître l'enfant, sa situation sociale et par de simples conseils, l'éducation de l'enfant et son évolution bénéficient d'un suivi souvent rentable. 5- La tenue vestimentaire et le port de la blouse font aussi partie de l'éducation de l'enfant, qui apprend à soigner son être et pour cela l'adjoint d'éducation veille inlassablement. 6- Le suivi du travail scolaire, en soirée, des élèves internes est une contribution pédagogique qui fait partie de l'éducation de l'enfant et de l'importance de travailler pour réussir. Toutes ces interventions quotidiennes sont d'essence éducative et il est insensé de classer l'adjoint d'éducation dans la catégorie des administratifs, pour le priver non seulement de son rôle pédagogique´´, combien utile, et des indemnités y afférentes mais aussi, d'une quelconque promotion puisque sa carrière débute dans le grade des adjoints d'éducation et se termine dans ce même grade. Et, à propos des indemnités, car tout est là, tout porte à croire que l'on «augmente» le salaire de l'enseignant (ne pas croire que c'est le Pérou) en puisant dans la poche de l'adjoint d'éducation, et peu importe si l'éducation de l'enfant prend un sérieux coup, car quand il s'agit de ceux d'en bas l'économie est de rigueur. Et s'il faut «tout un village pour élever un enfant», il faut aussi un adjoint d'éducation. Espérons que les négociations entre le ministère de l'Education nationale et la coordination des adjoints d'éducation, affiliée au syndicat national des travailleurs de l'éducation (Snte) qui auront lieu ce dimanche 03/05/2009, déboucheront sur des résultats qui serviront l'éducation en général et la corporation des adjoints d'éducation, sans perdre de vue que quand on aime on ne compte pas et quand on éduque aussi. (*) Secrétaire général de wilaya du Snte à Béjaïa