A l'origine de cet autre soulèvement des habitants du douar Tektaka, c'est cet accident de circulation de la route qui a coûté la vie à une adolescente âgée de 14 ans. Cet accident a eu lieu hier, à 7h30. Le douar Tektaka se situe entre Attatba et Berbessa. Il est divisé en deux par un tronçon de la RN67. Cet axe routier est très fréquenté. Le code de la route n'est pas respecté. Les chauffards traversent ce douar à vive allure. Le douar Tektaka vient d'enregistrer la vingt-deuxième victime. Ceux qui y ont échappé sont handicapés, tandis que d'autres en portent les séquelles. Mlle Sabri est une collégienne et elle est en 7e AF au douar Tektaka, car il n'y a pas de CEM. Les élèves qui fréquentent le CEM ou le lycée sont obligés de subir les aléas du transport et surtout les risques des accidents de la route. Les éléments de la Gendarmerie nationale ont aussitôt installé le dispositif de sécurité dès 8h au moment où les autorités allaient se recueillir en souvenir des victimes du 17 octobre 1961 à Paris. Tous les automobilistes devaient effectuer un contournement de plusieurs kilomètres pour se diriger vers Alger ou Tipasa. Sur les lieux, on distingue une grosse foule humaine composée d'enfants, de jeunes en majorité et d'adultes. Le tronçon routier de la RN67 d'une longueur de 1500 m est jonché de troncs d'arbres et de grosses pierres. Les émeutiers ont brûlé les pneus... Une épaisse fumée se dégage. Les éléments de la Gendarmerie nationale se tiennent à l'écart, tandis que certains responsables locaux tentent de ramener à la raison les jeunes chauffés à blanc. « Nous exigeons des ralentisseurs », disent-ils. Un citoyen nous interpelle : « Vous êtes journaliste, alors écrivez que nous voulons des passages souterrains afin que nos femmes, nos enfants et nos parents puissent traverser cette route de la mort en toute tranquillité. » Un jeune très excité, en compagnie d'un groupe, demande, à son tour, la présence d'un barrage permanent des forces de l'ordre au niveau de ce tronçon routier pour empêcher les automobilistes de s'adonner à la vitesse. Le président de l'APC de Chaïba et le chef de daïra ont amorcé un dialogue avec les notables du douar pour sensibiliser les jeunes et commencer à nettoyer ce tronçon routier. Les autorités locales ont reconnu qu'elles n'ont pas tenu leurs promesses, car il y a eu un accident de la route ayant entraîné mort d'homme. Le directeur des travaux publics de la wilaya de Tipasa nous informe que la première action consiste à mettre des panneaux de signalisation le long de la route. « Nous attendons la décision du wali de Tipasa, dit-il, pour inscrire un projet adéquat qui répondra aux normes et éviter de tel drame. » Il est 14h. Des travailleurs de la direction des travaux publics commencent à nettoyer le tronçon. Certains pères de famille se rappellent que c'est le Ramadhan et partent faire leurs courses.