Formée à la faculté des sciences de l'université Djillali Liabes, Safia Bouregaa, ingénieur en génie civil, est la première femme à exercer le métier de foreur sur l'une des bases de l'ENTP, filiale de Sonatrach, à Hassi Messaoud. Prédestinée pourtant à assurer un travail de conception, elle refusera catégoriquement d'être claustrée derrière un bureau. Son diplôme en poche, cette jeune femme douée, la trentaine, n'avait, avoue-t-elle, qu'un seul objectif : forcer le destin. « C'est une première en Algérie, dans le monde arabe et probablement en Afrique », considère-t-on dans les milieux pétroliers. Après deux années à l'institut d'hydrocarbures (INH) de Boumerdes où elle optera pour une spécialité (Under-Balanced driiling) réservée généralement aux hommes, elle lève les voiles vers le Sud, fin 2005. L'Under-Balanced driiling (UBD) est une récente méthode de forage horizontal que maîtrise à la perfection depuis quelques années l'entreprise nationale d'hydrocarbure. La jeune foreuse exerce justement le métier d'assistant maître sondeur (second de poste) sur un appareil de forage de type TP 196. En fait, ce type d'appareil est devenu, depuis, le lieu où elle passe le plus clair de son temps : 12 heures de travail à cadence continue. Avec un rythme de travail non-stop, Safia affirme s'être adaptée « lentement mais sûrement » aux conditions extrêmes du sud algérien. Après quatre semaines de boulot au camp de forage, elle profite de son mois et demi de récupération pour rendre visite à ses parents à Sidi Bel Abbès. Les quatre semaines sont partagées en deux régimes, 15 jours de minuit à midi et inversement, soit 12 heures de travail d'affilée. « J'assure les deux régimes aisément, c'est-à-dire que j'exerce de jour comme de nuit. Au même titre que mes collègues hommes », fait-elle remarquer fièrement. Sans complexes Dans une déclaration à la revue mensuelle qu'édite l'ENTP, son chef de chantier, M. Tebib, déclare : « C'est une femme qui accomplit son travail sans complexes, sans relâche, elle est très disciplinée ». Abondant dans le même sens, le superviseur de la base de forage estime qu'elle est la « première femme à avoir investi un domaine exclusivement réservé aux hommes. C'est un plaisir, car elle fournit un travail à la hauteur du poste de foreur, parfois mieux que beaucoup d'hommes ». Sur les traces de Safia, deux autres femmes foreurs, Melles Djeridi Chahrazed et Azzoun Samira, devront achever prochainement leurs études pour intégrer, à leur tour, l'ENTP et embrasser un métier qui jusqu'alors était réservé aux seuls hommes.