Sonatrach compte recruter 1000 personnes en 2007 pour son activité en amont, a assuré hier Mme Benkehla, responsable des ressources humaines à la compagnie nationale, à l'occasion d'une table ronde sur les ressources humaines tenue dans le cadre des 7e journées scientifiques et techniques de Sonatrach. Des recrutements qui devront, explique la responsable, contrecarrer la vague des départs qui a touché les ouvriers qualifiés notamment dans le domaine du forage où 78 foreurs et superviseurs ont quitté Sonatrach pour d'autres sociétés en 2006. « Il faut une dizaine d'années d'expérience pour avoir un bon superviseur de forage », avoue-t-elle, pour montrer l'ampleur des efforts qui devront être consentis. En tout, pas moins de 637 départs ont été dénombrés pour l'année en cours. Un chiffre qui englobe à la fois les départs en retraite et ceux liés à « la fuite des qualifications ». Elle confirme qu'il s'agit d'une « saignée », mais elle assure que « Sonatrach n'est pas dans une situation de catastrophe ». Les départs sont enregistrés dans l'Enafor, l'ENSP et l'ENTP et à un degré moindre dans d'autres filiales. Elle parle d'« un énorme plan de recrutement » accompagné d'un ensemble de dispositifs mis en place pour fidéliser le personnel dont un système de rémunération « équitable, mais pas égalitaire » avec l'introduction de la performance comme critère essentiel. « Rien que pour la maison mère, le repérage des compétences pour assurer la relève concerne 600 cadres et beaucoup plus pour les filiales du groupe qui vont être formées pour assurer la relève notamment dans le management et les postes clés auxquels la société offrira de meilleurs plans de carrière », indique-t-elle. « Nous ne pourrons pas rémunérer au même niveau que les autres compagnies », tranche Mme Benkehla, qui se réjouit par contre que la société qu'elle représente est l'une des rares, même à l'échelle internationale, qui compte 4 femmes dirigeantes au sein de son comité exécutif. L'emploi des femmes fera l'objet aujourd'hui d'une table ronde à la clôture des 7e journées scientifiques et techniques. La question de la fuite des cadres et des travailleurs qualifiés a été brandie par le syndicat de la société pour motiver la revendication liée à la valorisation substantielle des salaires. Présent également à la semaine de l'énergie qui se tient à Oran, Abdelkrim Lamouri, secrétaire général national du syndicat Sonatrach, est conscient que l'Algérie ne peut pas donner des salaires de même envergure que les grandes compagnies pétrolières, mais il est favorable à la valorisation des « métiers de base » dont le forage. « Ailleurs, même en Algérie chez les autres compagnies, un foreur peut prétendre, selon des propositions, à un salaire de 8000 dollars par exemple contre 50 000 DA proposés en Algérie. Vous voyez bien que cet écart ne peut pas être comblé parce que même les hauts cadres de l'Etat comme les ministres n'ont pas cette fourchette, mais, en contrepartie, Sonatrach offre une carrière, un emploi stable et des avantages de tout genre, et ce que nous demandons c'est juste une revalorisation des métiers de base. » Chez lui, le nouveau système de rémunération par étapes (janvier, avril, juin) sera un essai. « On doit motiver les travailleurs des métiers de base et pas forcément multiplier leurs salaires par 10 », référence faite aux déclarations du ministre de l'Energie, en tenant compte de la réalité des salaires algériens. Par sa voix, le syndicat semble être satisfait non pas du taux d'augmentation (15% à partir du 1er octobre), mais du nouveau système de rémunération mis en place au profit des « 39 000 travailleurs dont 25 000 au Sud ». « Nous avons l'honneur de travailler dans le secteur du pétrole qui reste ouvert à tous les Algériens et puisque le gouvernement prétend que les augmentations se font en fonction des moyens des entreprises, nous, nous savons que Sonatrach se porte bien et c'est pour cela que nous demandons mieux », ajoute-t-il, en évoquant le contrat signé avec Shell et qui, pour lui, représente davantage de rentrées dans un environnement ouvert à la concurrence et que M. Lamouri dit accepter comme une fatalité.