Son Excellence l'ambassadeur de France à Alger a séjourné, du 13 au 15 mars, à Annaba. Il a pris contact avec les autorités locales, les ressortissants français installés à Annaba et les binationaux. Il a également visité des sites touristiques avant de se rendre à la Chambre de commerce et d'industrie Seybouse. Il est resté à peine cinq minutes dans cette institution économique algérienne. Le diplomate français ne s'est pas inquiété du déficit d'échanges d'informations entre les opérateurs économiques des deux pays ni de la faiblesse des échanges commerciaux. De ce côté-ci de la Méditerranée, la tendance des hommes d'affaires et industriels algériens est pour le renforcement des relations d'affaires avec les pays asiatiques (Chine-Inde-Koweït-Qatar) et africains (Tunisie, Egypte, Afrique du Sud). Ce qui semble inquiéter les Français. Dans la région Rhône-Alpes notamment où, regroupées en Association CCI internationale, les membres des 12 Chambres de commerce et d'industrie désespèrent de disposer d'informations sectorielles ciblées et pointues sur les possibilités d'échanges commerciaux avec les Algériens de l'Est. Annaba qui, les précédentes années, s'était positionnée en leader des contacts, salons, mises en place de balises pour la signature de contrats de partenariat avec plusieurs régions de France, dont celle de Rhône-Alpes, est en perte de vitesse. « Trouver le bon interlocuteur n'est pas toujours facile. La plupart des entreprises algériennes n'ont vraiment pas d'expérience à l'international », avait reconnu un des chef d'entreprise français de la région de Limoges en visite à Annaba en 2006. On ne sait pas pourquoi, arrivé à la CCI Seybouse, l'ambassadeur français en est aussitôt reparti cinq minutes après. Et pourtant l'évolution de l'Algérie dans le bon sens économique de ces deux dernières années, en fait une des régions les plus attractives du bassin méditerranéen. Le diplomate a raté là une occasion de prendre la mesure du potentiel économique local. Il est reparti en laissant les membres de l'assemblée générale de la CCI Seybouse sur leur faim. Ces derniers comptaient énormément sur cette visite pour transmettre à leurs homologues de l'Hexagone leur souhait de développer directement leurs relations avec les entreprises françaises. Plusieurs représentants auraient aimé avoir une réponse sur l'European Community Investment Partners (ECIP), un instrument financier destiné à promouvoir la création d'entreprises conjointes dans les pays en développement. Les dispositions de l'ECIP prévoient l'identification de partenaires, opération préalable à la création de l'entreprise, le financement des besoins en capitaux, le développement des ressources humaines, l'assistance à la gestion. Le maximum de l'aide totale par projet est de un million d'euros. « Pourquoi la France, qui appuie favorablement les demandes de certains pays d'Afrique du Nord, s'oppose-t-elle à l'Algérie en matière de bénéfice des dispositions de l'ECIP ? », se sont interrogés les opérateurs algériens. Et quand on sait qu'il n'y a même pas de guichet économique à la représentation diplomatique française à Annaba, on est en droit de dire que le développement des échanges entre les deux pays n'est pas pour demain.