L'environnement à Sétif, comme partout en Algérie, subit les violences et les coups de l'évolution et d'une industrialisation incontrôlée. On construit, on s'étale, on occupe et on détruit tout ce dont on croit ne plus avoir besoin. Les cités ne sont que béton, les champs sont transformés en zones industrielles, les maisons sont devenues des ateliers, les espaces verts, les forêts et vergers sont devenus des dépotoirs. Les quartiers résidentiels sont remplis d'ateliers en tous genres, stations-services et autres… Le citoyen n'a absolument aucun respect ni aucune notion d'environnement. Le combat contre la pollution sous toutes ses formes, solide et liquide, atmosphérique et sonore, industrielle ou urbaine, échoit à la direction de l'environnement. Cette direction est aussi le service technique qui perçoit la taxe sur les activités polluantes, effectue les études d'impact concernant les dossiers de permis de construire ou d'investissements. Les opérations de contrôle sont menées périodiquement au niveau des établissements classés, des zones d'activités par une commission de wilaya. Ce qui a permis de toucher un grand nombre d'unités de production, à Sétif et au niveau de la daïra d'El Eulma. 90% des unités se sont pliées à la réglementation et aux mises en demeure. « Un suivi permanent est assuré, des analyses des eaux et des boues de décantation sont faites et, à leurs lumières, des sanctions peuvent être prises. Nombre de fabriques de carrelage du nord de la wilaya contreviennent à la réglementation, comme elles sont dépourvues de bassins de décantation, les déchets calcaires sont rejetés en milieu récepteur », précise la directrice de l'environnement. Un autre problème d'importance est l'implantation, en zone urbaine, d'ateliers divers, menuiserie, stations de vidange et de graissage... Ceux-là sont la cause d'une grande partie de la pollution dans la cité. Suite à l'application d'une note du wali de Sétif, réglementant ce genre d'activités, il a été procédé à de nombreuses fermetures. Seules les stations de lavage sont autorisées en milieu urbain. « Seule l'activité de lavage est autorisée dans les cités. La vidange et le graissage doivent se faire loin des milieux habités », ajoute-t-elle. Un autre problème, et de taille, est celui des déchets hospitaliers. Les infrastructures hospitalières de la wilaya de Sétif sont sous ou mal équipées, le matériel qu'elles possèdent est dépassé, désuet, au lieu d'incinérateurs ou de banaliseurs (qui réduit à 4%, la quantité à incinérer), elles ne possèdent que des brûleurs en inadéquation avec les précautions à prendre avec ces déchets « spéciaux ». « Ces structures ne se sont pas pliées aux nombreuses sommations qui leur ont été signifiées », nous dit encore la directrice. Le volet de la pollution sonore a, lui aussi, été pris en compte. Nombre de disquaires, vendeurs de matériel audio ainsi que des artisans ont été destinataires de procès-verbaux. Ils ont été aussi ciblés par des campagnes de sensibilisation. Certains clandestins du parc d'attractions ou du souk Abacha par exemple échappent à tout contrôle. Toute cette activité est menée par une équipe réduite. La plupart des employés sont recrutés par contrat de préemploi. Des projets sont en cours de réalisation, d'autres sont à l'étude et certains attendent que les autorités les inscrivent dans leurs programmes. Dans quelque temps, le Centre d'enfouissement technique de Sidi Haider (CET) va remplacer la décharge située sur le même lieu, ce qui permettra d'éviter la contamination d'un autre espace. Ce centre de grande envergure, en projet depuis cinq ans qui a déjà coûté 20 milliards de centimes à la communauté, selon l'ancien inspecteur de l'environnement (voir El Watan du 28 novembre 2002), sera composé de deux casiers d'enfouissement, d'un bloc administratif, d'ateliers de maintenance et de ponts-bascules. Il sera remis à l'APC de Sétif, qui mettra sur pied une EPIC pour sa gestion. Un autre CET d'une valeur de 5 milliards de centimes sera réalisé à El Eulma. Inscrits au programme des Hauts-Plateaux initié par le président de la République, 5 autres CET verront le jour à Aïn Oulmène, Aïn Azel, Salah Bey, Hammam Sokhna et El Oualdja. L'étude d'impact et d'aménagement d'une décharge à Bougaâ est en cours. Un schéma de cohérence urbaine de la ville de Aïn Oulmène sera bientôt établi (pour une période globale de 25 ans), la formation du personnel de 14 communes est aussi au programme. Il est souhaitable que les autorités pensent à inscrire un projet de réhabilitation de la vallée de Oued Boussellam, première victime de la pollution à Sétif, toutes les effluves et eaux usées de la ville s'y déversent et rien n'est fait pour tenter une récupération du cours d'eau pour la protection de l'écosystème et de l'activité agricole de la région.