La guerre en Irak se poursuit avec la même intensité, et toujours des hypothèses sur cette armée de l'ombre qui a décidé de combattre l'occupation étrangère. Aucun expert n'a pu mettre un nom sur un visage et dire avec exactitude qui est qui, car trop d'accusations fusent de part et d'autre, la plupart du temps pour conforter l'idée de complot international, une démarche bien commode qui laisse croire que les Irakiens acceptent la présence étrangère, ce que démentent à titre d'exemple les batailles de Najaf et de Falloujah impliquant différentes communautés de ce pays. Sans même que la réponse soit apportée, l'on s'interroge sur les effectifs de cette armée redoutable par sa mobilité et sa capacité à frapper où et quand elle veut, même dans les endroits les plus sécurisés comme cette fameuse zone verte. A cette question, les autorités américaines estiment qu'il y a beaucoup plus de combattants en Irak qu'initialement prévu et qu'ils disposent de moyens financiers importants, selon ce que rapportait hier le quotidien New York Times. Citant des responsables anonymes, le journal indique que le noyau dur de la rébellion compterait entre 8000 et 12 000 personnes, y compris les combattants étrangers et le réseau de l'islamiste jordanien Abou Moussab Al Zarqaoui. La masse des insurgés se gonfle à plus de 20 000 personnes en comptant les sympathisants actifs ou les complices cachés, selon le journal. Ces estimations contrastent fortement avec les chiffres donnés auparavant par les services de renseignement qui estimaient que le nombre des insurgés variait de 2000 au minimum à 7000 au maximum, selon la même source. Les militaires et les responsables gouvernementaux en Irak et à Washington estiment que le noyau dur de l'insurrection irakienne est maintenant constitué d'une cinquantaine de cellules actives qui tirent « des moyens financiers illimités » d'un réseau financier clandestin dirigé par les chefs de l'ancien parti Baâth et de membres de la famille de Saddam Hussein, selon le Times. Ce qui pourrait se tenir, mais là il y aurait incompatibilité, c'est lorsque la même source indique que leur financement est assuré en grande partie par de riches donateurs saoudiens et des œuvres caritatives islamistes qui font parvenir par la Syrie d'importantes sommes d'argent. Le New York Times souligne aussi que seulement la moitié du milliard de dollars déposé par le régime de Saddam Hussein dans des banques syriennes avant la guerre a été retrouvée. C'est au passage une manière d'impliquer la Syrie accusée de ne pas surveiller sa frontière. Par ailleurs, il avait été souvent démenti par différentes sources américaines tout rapport entre l'ancien régime et les Saoudiens qui en faisaient le pire ennemi du royaume. Quant à la multiplication des chiffres, elle peut tout d'abord révéler l'incapacité réelle constate-t-on de maîtriser un phénomène qui inflige de lourdes pertes aux troupes étrangères. Comme cela tend, par ailleurs, à préparer l'opinion à des perspectives esquissées, mais jamais déclarées. Comme un report des élections pour lesquelles les favoris sont presque connus comme le révèle un récent sondage américain selon lequel, le chef du principal parti chiite d'Irak, le Conseil suprême de la révolution islamique en Irak (CSRII), Abdel Aziz Hakim, serait vainqueur si une élection présidentielle était tenue aujourd'hui en Irak.