Les limites de l'indicible terreur semblent dépassées en Irak où des groupes terroristes font dans l'ignominie. De sang-froid, des terroristes se réclamant de l'Islam et se faisant appeler «Ansar Al Sunna» ‘'Brigade d'Ali Ibn Abi Taleb'', ont froidement égorgé douze Népalais, pris en otage la semaine dernière. L'assassinat de ces douze travailleurs népalais a atteint en fait les limites de l'horreur par la manière sauvage et bestiale avec laquelle ces personnes ont été tuées. Est-ce cela l'Islam au nom duquel ces tueurs fondent leurs actions quand ces actions mêmes, par leurs atrocités, dénaturent en fait l'une des plus tolérantes religions de la civilisation humaine? C'est encore au nom de l'Islam qu'une organisation dite «Armée islamique en Irak» a pris en otage des journalistes français et italien. Ce dernier, Enzo Baldoni, n'a pu échapper à son sort en ayant été égorgé la semaine dernière, au moment où celui des deux journalistes, Christian Chesnot et Georges Malbrunot, demeure incertain. Un autre groupe terroriste islamiste, qui a pris en otage plusieurs personnes de différentes nationalités, prétend lui aussi agir au nom de l'Islam, qui porte le nom de Brigades du Drapeau Noir, Armée secrète islamique. Cette dernière, a toutefois relâché hier, sept personnes, trois Kenyans, trois Indiens et un Egyptien détenus depuis le 21 juillet dernier. Ces groupuscules islamistes apparus au cours des derniers mois en Irak ont, d'une part, brouillé la donne politique d'un pays qui tente de mettre en place une transition de gouvernement et d'autre part altéré la véritable résistance irakienne contre l'occupation étrangère. Il est de fait que ces «résistants» qui ont choisi la méthode la plus lâche de combattre la présence américano-britannique dans leur pays n'est pas faite pour leur attirer la sympathie de la communauté internationale qui compatit avec la série de malheurs qui arrive au peuple irakien. Celui-ci en fait, méritait de retrouver sa liberté et sa souveraineté autrement que dans le sang d'innocents. Ceux-ci se trouvent en Irak, le sont, soit pour faire connaître le martyre du peuple irakien, ce que font les journalistes qui ont notamment mis au jour le scandale d'Abou Ghraieb et ont témoigné des sauvageries des forces d'occupation, aider ce pays à se relever de ses ruines, ce que font les centaines de travailleurs venus de nombreux pays du monde. Aussi, au nom de quoi combattent ces soldats du troisième type? De la libération de l'Irak? De celui de la lutte pour le rétablissement d'un gouvernement légitime dans ce pays? Ou, comme l'écrit le journal espagnol La Razon en sommes-nous encore à la période des croisades selon lequel «le terrorisme islamiste n'entre pas dans des considérations politiques autres que la dichotomie ‘‘fidèles'' contre ‘‘croisés'' ? Dans tous les cas de figure, cela dénote une courte vue des choses et des faits qui ne peut que mener à l'impasse l'Irak à d'autres épreuves et d'autres horreurs. Que dire aussi de la sortie intempestive du Premier ministre intérimaire irakien, Iyad Allaoui, qui donne l'impression de tout ramener à son gouvernement provisoire lorsqu'il semble croire que le point de rupture se trouverait entre ceux qui soutiennent son action et ceux qui ne le font pas. Ainsi, a-t-il pu affirmer à propos des journalistes français pris en otage: «Il n'y a pas de neutralité possible (....) Personne ne sera épargné. Ceux qui ne combattent pas avec nous, se retrouveront bientôt avec les terroristes chez eux» ajoutant: «Les Français se faisaient des illusions s'ils espéraient rester en dehors (...).» Voilà une bizarre façon de condamner les preneurs d'otages pour ne dire plus. A propos d'otages, l'assassinat sauvage des travailleurs népalais a soulevé l'indignation du monde entier et notamment celle du secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, qui «condamne vigoureusement toutes les prises d'otages et les assassinats de civils innocents, qu'aucune cause ne peut justifier». Au Népal l'annonce de l'assassinat des douze travailleurs a provoqué un choc parmi la population et des émeutes dans la capitale Katmandou. Dans un pathétique appel, le gouvernement népalais demande à la communauté internationale d'agir contre ces atrocités.