Les candidats en lice pour les législatives du 17 mai prochain entament aujourd'hui leur campagne.Issus de formations politiques ou postulants indépendants, ils disposent de moins d'un mois, maintenant, pour accaparer les suffrages des électeurs. La compétition, à cet égard, vaudra par la capacité des candidats à réconcilier les citoyens avec la chose politique et à réveiller chez eux un sens de l'implication assez fortement érodé. Les meetings des différents candidats seront alors le plus authentique étalon de mesure de la confiance retrouvée dans l'action politique pour peu que les mobilisations populaires soient spontanées et non pas instrumentalisées. Le temps n'est plus, en 2007, aux remplissages de stades et de salles par des foules transportées sur les lieux par les intendances des partis en course. Ce sont des pratiques d'un autre âge qui ne rendent en aucun cas au niveau de maturité politique des populations et à leur perception élevée des enjeux électoraux. En plein XXIe siècle, il n'est pas productif de continuer à assimiler les électeurs à une masse infantile à laquelle il suffit de jeter quelques phrases à la cantonade.Il y a, dans tous les cas de figure, un principe de libre arbitre qui transcende les appartenances et les sympathies. Car contrairement aux idées reçues, aucun parti n'est fort de sa seule base militante qui ne lui suffirait pas à conquérir le pouvoir par les urnes. C'est l'apport citoyen qui fait la différence et à ce titre, il est légitime que les électeurs, qui ne sont pas tous affiliés à des partis, puissent vouloir se déterminer sur des engagements de proximité des candidats qui briguent leurs suffrages. Le vote n'est plus et en tout cas ne peut plus être un blanc-seing, car dans ces législatives, il s'agira de désigner des élus de la nation qui auront à servir et non pas à se servir. C'est la désillusion, une certaine forme d'amertume qui a généré le ressentiment envers la chose politique et conduit de larges pans de l'électorat à basculer dans l'abstention. Une attitude sous-tendue par la question de savoir si le mandat donné aux élus aura quelque consistance dans la vie quotidienne. Ce n'est bien sûr pas un mandat personnel et les électeurs ont eu, au moins, la candeur de croire que les candidats qu'ils choisissaient seraient réellement les médiateurs qui défendraient les intérêts de la collectivité. L'élection, les législatives y compris, n'en serait pas une si elle n'était pas l'expression d'un véritable consensus social qui dessine les grands thèmes politiques de la société. En ouvrant aujourd'hui leur campagne pour le scrutin du 17 mai prochain, les candidats, tous ancrages confondus, devront nécessairement tirer les leçons du passé et des dysfonctionnements qui ont pu alimenter la coupure entre élus et électeurs. Autant que les pratiques, ce sont les mentalités qui devront évoluer de sorte à ce que la conquête du pouvoir ne soit plus considérée comme un acquis personnel, mais le levier qui fera avancer la société toute ensemble. Le postulat étant que l'élu de chaque parti sera aussi, sous l'hémicycle, celui de tous les Algériens. Les législatives à venir serviront-elles à conforter ce postulat ?