Une activité loin d'être celle d'une campagne électorale officielle. En parcourant, hier, les principaux centres urbains de la wilaya de Béjaïa, nous avons été surpris de découvrir une activité loin d'être celle d'une campagne électorale officielle. Lancée depuis jeudi dernier, cette dernière n'arrive toujours pas à décoller. Les signes extérieurs qui, autrefois, indiquaient le caractère exceptionnel de cette période préélectorale, sont invisibles. Les électeurs, appelés sans cesse par les uns à bouder les urnes et par d'autres discrètement à soutenir leurs candidatures, ne savent plus à quel saint se vouer à telle enseigne qu'ils sont indifférents à la chose politique surtout depuis qu'elle a commencé à verser dans l'insulte et la menace. Concernant les 11 listes dont 3 «indépendantes» qui brigueront les 11 fauteuils prévus pour la wilaya de Béjaïa, leurs programmes et la totalité des noms y figurant ne sont toujours pas connus des citoyens. Hormis le RND, dont la campagne de proximité bat son plein, les noms et les programmes des autres listes circulent de bouche à oreille et seulement dans les cercles des militants. La démarche de proximité semble être la plus prisée par les différents postulants. Une démarche qui reste, malgré tout, risquée eu égard à la tension permanente qui règne dans la région. Il est très difficile pour un candidat d'aller à la rencontre des électeurs. Aussi nombreuses sont les formations politiques qui font faire le travail de campagne par les militants et les parents. C'est le cas notamment des formations islamistes qui, à en croire des sources proches de cette tendance, visent gros pour ce rendez-vous du 30 mai. Connaissant leur sens de mobilisation et de solidarité ainsi que le travail de fourmi de leurs militants et militantes, tout porte à croire qu'elles feront une grosse surprise le jour J. Le MSP a, rappelons-le, remporté un siège lors des dernières législatives en présence même du RCD et du FFS. Cette tendance compte rafler la mise dans la ville de Béjaïa et dans d'autres grands centres urbains. Pour le FLN qu'on donne aussi comme grand favori de cette joute électorale, ses chances demeurent intactes dans les rangs de la famille révolutionnaire et dans les régions Est de Béjaïa (le Sahel) comme Kherrata. D'ailleurs, c'est dans cette région qu'il a entamé l'affichage de ses listes et de son programme. Il profitera surtout de la faible représentativité de la CICB dans cette région. Bref, chez tous les partants pour ces législatives, l'hésitation est de mise. La peur dominant l'atmosphère locale ne peut, de l'avis général, être cassée que par la venue des chefs de parti dans la région. Au sein du RND, on parle avec insistance d'un meeting qu'animera prochainement son secrétaire général, Ahmed Ouyahia pour marquer le début d'une campagne publique. Cependant, nous n'avons pu confirmer cette information. En attendant, les animateurs du mouvement citoyen pèsent de tout leur poids pour aboutir au rejet des élections. Tout est retenu pour qu'il n'y ait pas de vote : des sit-in devant les daïras pour empêcher les réunions de préparation du scrutin aux émeutes qui ont tendance à reprendre sérieusement dans certaines localités comme Amizour et El-Kseur qui enregistrent le énième jour d'émeutes, en passant par les conclaves successifs et cette surprenante action de se rassembler devant le domicile des postulants sont autant d'activités qui caractérisent le quotidien de cette structure. Dans toute cette débandade, la majorité silencieuse semble, au fil des jours, de moins en moins préoccupée. Habituée comme elle est aux contraintes de tout genre depuis maintenant plusieurs mois, elle se referme sur elle-même. Les 425.338 électeurs inscrits vont-ils se présenter le 30 mai aux 488 bureaux de vote? Rien n'est moins sûr!