Arezki Aït-Larbi, journaliste (Free Lance) et correspondant en Algérie des quotidiens français Le Figaro et Ouest France, ne risquera pas d'oublier de sitôt la Journée mondiale de la liberté de la presse fêtée le 3 mai de chaque année. Hier, à la veille de la célébration de cette journée, le journaliste algérien était convoqué au tribunal de Sidi M'Hamed à Alger pour répondre d'une plainte déposée par Sallat Abdelkader, ancien directeur au ministère de la Justice. Tôt le matin, des personnalités de la société civile, quelques journalistes et un éditeur (El Watan) ont fait le déplacement au tribunal pour manifester leur solidarité au journaliste. Parmi les présents, on peut citer Ali Yahia Abdenour, président d'honneur de la Ligue de défense des droits de l'homme ainsi que d'autres membres de cette organisation, Chawki Salhi, porte-parole du PST, des représentants du RAJ, et également des membres de différentes associations. Appelé à la barre, le journaliste et son collectif d'avocats ont répondu présents, mais le premier concerné par l'affaire, en l'occurrence le plaignant, était absent à cette audience. Face à cette situation, la présidente du tribunal en concertation avec les avocats des deux parties a opté pour le report du procès au 23 mai prochain tout en réclamant l'acte de position. La défense a, quant à elle, exigé la présence du plaignant. « Il est tout à fait normal d'exiger la présence de la personne qui s'estime diffamée. Nous voudrions avoir plus de détails, car de mon côté, je n'ai rien à me reprocher : j'ai des témoins, et j'ai la preuve de ce que j'ai avancé dans l'article où M. Sallat se dit être lésé », dira M. Arezki. L'autre fait important révélé par M. Aït-Larbi est la disparition et la reparution soudaine du dossier ayant trait à son affaire. A sa sortie du tribunal, le journaliste fera remarquer « que la justice de la nuit a encore frappé ». Par ce propos, il s'est interrogé comment un dossier de l'affaire qui a fait l'objet d'une recherche minutieuse et qui était « égaré » encore le lundi 30 avril, a été finalement retrouvé hier. « Samedi, lorsque j'ai été convoqué au tribunal, on m'a signifié que mon dossier était introuvable. Aujourd'hui, il s'est avéré qu'il n'a pas disparu et que le jugement y figure », dira M. Aït-Larbi. En outre, le comité de soutien au journaliste a salué les avocats qui se sont constitués spontanément pour assurer la défense de M. Aït-Larbi et appelle à maintenir la mobilisation jusqu'au procès. Faut-il rappeler que M. Aït-Larbi a été arrêté la semaine dernière par la police aux frontières de l'aéroport d'Alger, au moment où il allait embarquer pour Paris. Celui-ci a été présenté au procureur d'El Harrach, avant d'être emmené au commissariat central d'Alger. Relâché, le journaliste était sommé de se présenter le lendemain au tribunal. L'arrestation d'Arezki Aït-Larbi est motivée, selon ce dernier, par un mandat d'arrêt délivré par un juge d'instruction en 1997, suivi d'une condamnation par défaut à six mois de prison ferme, pour diffamation. Il s'agit d'un article publié en 1994, dans un journal algérien, dans lequel il relatait les sévices infligés aux détenus du pénitencier de Tazoult-Lambèze.