Comme chaque année, à pareille période, l'on va palabrer sur les massacres du 8 Mai 1945. Si certains historiens apportent du nouveau à l'issue de leurs recherches, les politiques, eux, au lieu d'en profiter pour affûter leur intellect et l'utiliser à bon escient, se servent de cette date, si douloureuse pour le peuple algérien, comme un fonds de commerce pour le dorloter et, il faut le dire carrément, le berner à des fins électoralistes, n'ayant jamais eu le courage de prendre des décisions devant régler certains problèmes qui restent en suspens depuis l'indépendance. L'avenir ou la sérénité de l'avenir du pays en dépend quelque part. Aucune commission, au-delà des actes et autres résultats sanctionnant des séminaires et des travaux individuels de certains historiens, n'a été installée, ni par la sacro-sainte APN ou une autre institution respectable, aux fins d'enquêter sur ce qui est vraiment arrivé en ces jours ou mois sombres, surtout sur les détails, et c'est important, et dresser ainsi un martyrologe et recenser nos « disparus » ! Les morts, qui sont des martyrs du mouvement national et donc de la liberté et de l'indépendance, que ce soient ceux incinérés dans le four à chaux d'Héliopolis ou ceux enterrés dans des fosses communes à Sétif, Guelma et Kherrata, sont toujours portés vivants sur les registres de l'état civil. Certains, dont la plupart étaient indépendantistes et compagnons de ces futurs martyrs à cette époque-là, ont beau proposer qu'on porte en marge, tout près de leurs noms, la mention suivante : « Morts pour la patrie », il n'en est toujours rien. Aucune initiative, rien, zéro. On ne fait que reprocher épisodiquement à une certaine France de ne pas reconnaître ses forfaitures. Très rarement, le criminel passe aux aveux. Cette fameuse commission rogatoire, devant porter sur le banc des accusés, du moins symboliquement, ceux qui furent à l'origine de ce crime de guerre et de ce crime contre l'humanité, ne fait qu'en parler. Aussi, avant de s'adresser à leurs adeptes et autres disciples en puissance, de les inciter à la repentance ou du moins à la reconnaissance des méfaits et des horreurs du colonialisme, il est du devoir des responsables, d'abord, de maîtriser et de connaître ce qui est arrivé au peuple algérien, ce qu'il a subi comme massacres et humiliations, connaître autant que faire se peut cette terrible page d'histoire. En faire un dossier en béton, sinon en acier inoxydable. N'empêche, l'Algérie, ou les Algériens n'en sont pas moins fiers. L'on ne semble pas mesurer le fait qu'après 132 ans de colonisation, un peuple s'est levé, a résisté et arraché sa liberté et son indépendance. Et cela est comme un boulet au pied ou plutôt dans la gorge de certains colonialistes, de leurs disciples ou adeptes. Alors que la France « arrogante » de Nicolas Sarkozy n'en ressent aucune « honte », ni soit encline à aucune repentance, libre à elle… Et, après cela, qu'elle réhabilite l'OAS, qu'elle porte haut le flambeau des bienfaits du colonialisme, qu'elle fourre son passé au four crématoire, au fond, c'est une question ou un problème de conscience franco-français…