Le résident de la ville de Tizi Ouzou découvre, ahuri, qu'une bonne partie du territoire de sa commune appartient à un organisme basé à Blida. L'écheveau est difficile à démêler et les exemples sont multiples. Le Centre d'études et de réalisations en urbanisme de Blida, une SPA connue sous le nom de l'Urbab, a confirmé dans un document officiel le 3 février dernier qu'elle a affecté « à titre gratuit au profit de la maison de la culture l'assiette foncière ayant servi à son implantation. » L'établissement, réalisé en 1975, a fonctionné depuis presque normalement et sans oppositions. La situation a basculé quand l'actuelle direction a entamé des démarches judiciaires, se basant sur un arrêté du wali promulgué en 2005 et qui définit la superficie de l'institution culturelle, pour expulser des familles qui seraient des indus occupants depuis …1942. L'Urbab a précisé dans le même document « qu'une partie de l'assiette foncière appartient en toute propriété à l'Urbab pour l'avoir acquise auprès des consorts H., suivant acte dressé le 2 avril 1957, publié le 2 avril 1957, volume 96 N° 30 ». Que peuvent signifier toutes ces références au Tizi Ouzéen de 2007 ? En 2007 justement, on semble encore s'attacher à des dates de l'époque coloniale. Et, il y a pire : le 11 mai 2004, l'inspecteur des Domaines de Tizi Ouzou précise dans un étrange jargon ce qui suit : « (…) Il s'avère que le terrain d'assiette de la maison de la culture de Tizi Ouzou fait partie d'un terrain portant loi rurale n° 122 , Séquestre Collectif, lieudit Baulieu de Tizi Ouzou, d'une contenance totale de 7 ha, 46 a, 32 ac, ayant fait l'objet d'une concession à la commune de Tizi Ouzou en date du 7 septembre 1889 pour servir « d'aires à battre et meules des indigènes », consigné au Sommier des Biens Concédés aux Communes sous le N°30. » Indications difficiles à décoder. Mais, l'essentiel reste inconnu. Comment se fait-il que 120 ans après la promulgation de cette loi rurale, les autorités locales n'ont pas songé à régulariser cette situation du foncier qui empoisonne les relations entre les organismes de l'Etat et entre les citoyens eux-mêmes. Doit-on alors s'étonner du fait que l'état du foncier à Tizi Ouzou soit un véritable marécage, des eaux troubles ? En tout cas, plus on nage dedans, plus on risque de se noyer.