Les dirigeants du RCD sont catégoriques : le Département du renseignement et de la sécurité (DRS) est « le maître d'œuvre d'un vaste plan à travers lequel le système veut profiter des élections partielles en Kabylie pour contrôler la région par le pouvoir local ». Un tel plan, selon Saïd Sadi, ne pourra pas se passer d'un certain nombre de procédés dont une fraude massive. Soutenu par une série de preuves, de documents et d'autres pièces à conviction, le constat du Dr Sadi est poignant. Le leader du RCD n'a fait qu'enfoncer le clou planté lors de sa dernière conférence de presse dans laquelle il a révélé les « nouvelles techniques visant la perversion du scrutin ». Hier, la direction du RCD a transmis à la rédaction quatre documents attestant les dernières révélations. Expliquant le contenu du premier document, les responsables du RCD ont relevé qu'à « Béjaïa-ville, la liste du FLN, sponsorisée par les services de renseignements, a éclaté suite à l'intervention de ces derniers qui ont imposé une personne non militante comme tête de liste ». Le 19 novembre, précisent-ils, « le DRS décide d'imposer à cette ville le nommé Bouchebbah, colonel de ces mêmes services, tête de liste des ‘'indépendants'' ». Selon le RCD, cette personne est « inconnue, sans organisation ni base populaire. Cet officier se verra attribuer le numéro 3, lequel numéro a été précédemment affecté au RCD ». Le résultat recherché est évident. Il s'agit, écrit le RCD, de « créer la confusion dans l'électorat pour amener un transfert de la base du RCD vers un candidat de l'armée ». Dans son second document, le parti de Saïd Sadi a expliqué les détails d'« une fiche de renseignements adressée par les services de sécurité aux têtes de liste de l'opposition exigeant d'eux de fournir, pour chacun de leurs colistiers, des informations habituellement recueillies par les services compétents ». « Ceux qui ont refusé d'exécuter l'instruction, poursuit le RCD, ont été menacés de représailles. » Le troisième document démêle l'écheveau et les visées contenues dans une lettre du wali de Tizi Ouzou adressée aux directeurs de l'éducation pour libérer des agents du corps enseignant en prévision de la constitution de bureaux de vote. « On peut lire en fin de lettre la latitude donnée par le wali à son directeur de l'éducation d'apprécier les agents à affecter (...) Du coup, les membres des bureaux sont quasiment tous sous le contrôle du pouvoir. » La dernière pièce du RCD concerne le fichier électoral qui devait - c'est un droit - être mis à la disposition des candidats. « Réclamé à plusieurs reprises, ce document ne sera fourni, dans une forme inexploitable, qu'après la date marquant la fin des délais de recours », ont noté les responsables du RCD. En effet, ce fichier - nous l'avons d'ailleurs consulté - se résume en un listing sans ordre alphabétique, sans centres ni bureaux de vote. Or un fichier électoral doit contenir, pour chaque commune, le nombre d'électeurs, le nombre de centres, le nombre de bureaux de vote avec leurs adresses. « Cette liste de milliers, voire de dizaines de milliers de noms pour les centres urbains ne permet pas de vérifier si les noms correspondent bien à des résidents vivant dans un quartier ou un village », a estimé le RCD. Par ailleurs, a-t-il ajouté, « les électeurs sont contraints d'aller de centre en centre avant de pouvoir trouver l'inscription de leur nom ».