Persévérance n Mohand, jeune étudiant, malgré les difficultés rencontrées lors de son cursus universitaire, reste attaché à l'Algérie, un pays où seule l'endurance paye. Mohand est un jeune de Tizi Ouzou. Il vient de la commune de Timizart. Il est étudiant à l'université de Blida où il suit des études en hydrocarbures. «Une filière que j'ai choisie lorsque j'ai obtenu mon bac, en 2003, au lycée d'Azazga. J'ai opté pour cette branche parce que je suis fort en chimie.» Mohand est en 3e année et est logé à la résidence universitaire Kritli-Mokhtar, à Blida. «Les conditions de vie dans cette résidence sont insupportables, très pénibles. Les repas servis ne sont pas consistants. Les conditions d'hygiène sont déplorables.» Le matin, Mohand prend son petit-déjeuner au restaurant universitaire. «Un café-crème avec un peu de bromure, ça vous fait du bien. (rires) Je prends la direction du centre universitaire qui n'est pas loin de la résidence. Je suis mes cours et mes TD.» Que fait-il après les cours ? «Avec des amis, je me rends en ville pour changer d'air. Je rentre dans des librairies pour chercher des ouvrages intéressants. De temps à autre, je fréquente les cybercafés pour effectuer des recherches scientifiques.» C'est tout ? Pas pour tchatcher ? «Avec qui ? Moi j'ai une copine que j'aime bien. Elle est aussi étudiante.» Tous les quinze jours, Mohand organise une balade avec sa copine. Quelquefois, ils prennent la direction des monts de Chréa. «En fait, je n'y suis allé que quatre ou cinq fois depuis trois ans, faute de moyens», déclare Mohand avant d'ajouter : «Je suis allé une fois au parc zoologique de Ben Aknoun et une autre fois à Cherchell.» Mohand veut visiter des villes comme Oran et Constantine ; il veut également se rendre à Hassi Messaoud pour voir de ses yeux les champs pétroliers. Hélas, pas d'argent ! «J'aime beaucoup mon pays. J'aime ses montagnes, son air pur», déclare Mohand. Ce qu'il n'aime pas, en revanche, c'est «la corruption et l'oppression». Pour lui, la corruption a gangrené l'économie algérienne. «Ce sont les pauvres qui paient la facture. Sinon comment expliquer qu'un jeune étudiant comme moi ne soit allé au cinéma qu'une fois ? J'ai quand même 23 ans. Nous n'avons pas les moyens de nous divertir. Pas même pour effectuer des recherches. Avec cinq étudiants, nous avons acheté un ordinateur bas de gamme pour rédiger nos mémoires de fin d'études. Nous n'avons pas de télévision dans la chambre. Les rares fois où nous voyons la TV, c'est au foyer de la résidence universitaire.» Mohand aime se balader et écouter la musique. Son chanteur préféré ? «Sans doute Lounis Aït Menguellet.» Un peu de musique occidentale ne fait pas de mal à Mohand. Il écoute Claude Barzotti et Francis Cabrel. «Ils chantent l'amour qui manque aux Algériens.» La relation entre Mohand et le roman se développe davantage. Il aime la lecture. «Le dernier roman que j'ai lu, c'était Les Chemins qui montent de Mouloud Feraoun.» Pour s'acheter des livres, les moyens financiers font défaut. «Avec une bourse de 2 700 DA par trimestre, que peux-tu faire ?» Malgré la situation difficile qu'il traverse, à l'instar de milliers d'autres étudiants, Mohand ne perd pas espoir. «Garder l'espoir pour atteindre son but dans la vie, c'est ma devise.» Le souhait de Mohand est celui de tous les jeunes Algériens : «Trouver un boulot après les études, avoir son logement, fonder un foyer.» Un rêve qui finira certainement par se réaliser car Mohand a fait sienne la devise de feu Mouloud Mammeri : «Dans la vie, il ne faut jamais abandonner !»