C'est finalement aujourd'hui que s'achève la fête de la fraise. Une manifestation organisée par l'APC de Skikda et qui a compris un florilège d'activités culturelles et artistiques, expositions artisanales, présentations théâtrales,et autres activités sportives. C'était en tout cas au goût de tout le monde. Néanmoins, la célébration de cette fête, devenue aujourd'hui culte, n'a pas réussi à calmer les interrogations de quelques citoyens qui s'inquiétaient du sort de leur produit. « La production de fraises a diminué cette année, la saison est bientôt terminée, et nous n'avons malheureusement pas suffisamment dégusté notre Russicade qui se fait déjà désirer, et dont les prix sont toujours élevés ». Ce sont là les interrogations de quelques citoyens inquiets du sort de leur produit local qui a longtemps fait partie de leurs desserts préférés. Or, le spécialiste local de la fraise de Skikda, Dridah Aziz, délégué communal agricole tiendra a démentir cette idée, et expliquera que « l'excès de pluies qui se sont abattues durant la période de floraison, et le début de maturité ne diminuent en rien la production globale, bien au contraire, il a provoqué l'éclosion d'autres bouquets de fleurs. On attend donc une production qui va s'échelonner jusqu'à la fin juillet, contrairement aux années précédentes, où elle s'achevait au plus tard début juin ». C'est donc une bonne nouvelle pour les amateurs de cette variété de fraises très prisée au niveau national, et plus particulièrement par les Skikdis qui apprécient sa couleur rougeâtre, son parfum très fort, l'abondance de son jus et le taux très élevé de son sucre qui la placent en tête de toutes les autres variétés ; sa courte durée de conservation qui se limite à deux jours, reste son seul inconvénient. Ses racines remontent aux années 1920, quand les colons italiens ont introduit le premier hectare de cette variété. Même si au départ il n'était pas identifiable, compte tenu des différentes mutations génétiques qu'elle a subies depuis son introduction, elle occupe actuellement 80% des superficies de fraises implantées sur le territoire de la wilaya, et plus spécialement sur les montagnes de Tamalous, Stora, la Grande Plage et Aïn Zouit. Sa remarquable évolution, un siècle durant, est essentiellement liée au milieu dans lequel elle croît, puisque « 95% des superficies de fraises sont localisées dans les versants nord qui lui assurent une fraîcheur permanente, stabilisant ainsi sa matière organique », selon M. Dridah. C'est alors que d'autres variétés sont venues s'ajouter en 1970 à la Russicade . Cultivées sur les montagnes ou dans les champs, la « Tioga » et la « Douglas » sont plutôt destinées à l'industrie (compote, jus, ou pâtisserie), ou tout récemment la Cantaga introduite en 2006 par les services de la DSA, laquelle est cultivée sous serre, une première à Skikda. Aujourd'hui, on estime la production en moyenne de la wilaya à 77,35 q/ha, un rendement qui varie entre 68q/ha à Aïn Zouit, et 88q/ ha à Tamalous. Même si cette évaluation révèle la baisse des superficies de fraises enregistrées durant ces dix dernières années, la culture n'en reste pas moins une source de revenus non négligeable pour les familles des agriculteurs, estimées à 411 producteurs . « Nous avons pu estimer une rentrée supplémentaire de 80 000 DA par agriculteur et par an, en plus de la création d'emplois dans la commercialisation de la fraise pendant trois mois », a conclu M. Dridah. En attendant, Skikda continue, depuis plus de dix-neuf ans, de fêter ce produit de luxe dont raffolent les fin gourmets, et qui fait honneur à la wilaya.