C'est sous le slogan « Unité nationale » que s'ouvrait au théâtre communal le colloque national sur les érudits qui s'est tenu du 30 au 31 mai dernier, et ce, depuis 3 ans maintenant. Réunissant plusieurs personnalités politiques et religieuses, l'événement s'attelle à réhabiliter ces hommes qui, par leur savoir et leurs œuvres, ont marqué leur époque, ce sont les M'Chedelli, les Djeroumi, les Thaâlybi dont la pensée a rayonné pendant des siècles (de 1550 à 1890) au-delà du territoire national. Le discours officiel ainsi que les différentes communications, qui ont été faites dans la matinée de cette première journée, ont tenu à travers ces figures illustres et leurs travaux à réconcilier les générations montantes avec le passé et leurs origines, qui sont des plus glorieuses. Le sang de l'Amazigh et celui de l'Arabe se sont mêlés fraternellement donnant lieu à cette diversité culturelle qui fait notre fierté et notre richesse. L'Islam, religion de paix, de tolérance, d'amour et de science (lumière) a nourri la pensée de ces savants ; ces derniers ont lutté à leur manière contre l'ignorance et la bêtise autant que ces héros, à l'instar d'El Mokrani (et des savants et héros natifs de la wilaya) pour combattre l'armée d'occupation. La première observation qui se présente à l'esprit est la suivante : pourquoi a-t-on confié l'organisation d'une telle rencontre à la direction des affaires religieuses si l'événement, comme l'a souligné justement le représentant du ministère de tutelle, a une dimension culturelle ? Parce que cette direction s'en est mêlée, elle lui a conféré un aspect religieux qui en a tenu éloigné le profane. De fait, le colloque a surtout attiré un auditoire au costume traditionnel (gandoura et turban) qui tranche avec l'esprit d'ouverture qui anime notre jeunesse. Ces érudits que l'on veut ainsi honorer et réhabiliter, que ne commence-t-on d'abord par en faire connaître la pensée et son influence sur leur époque et celles qui ont suivi ? Curieusement, tous les orateurs, qui, jusqu'ici, ont pris la parole pour parler de ces colloques, n'ont pas cité un seul de ces érudits, ni montrer son apport à la civilisation. II y a un grand mérite à contribuer à la vulgarisation de cette érudition par le biais de travaux de synthèse, de critique et de commentaire. Dernière observation : pourquoi a-t-on accueilli ce colloque à cette exposition sur les ruines romaines et ottomanes, au lieu d'exposer les manuscrits de ces grands maîtres et d'en éclairer le tout par quelques notices biographiques comme lors du 1er et du 2e colloques ?