Avec la large victoire de Nicolas Sarkozy à l'élection présidentielle, l'UMP aborde les législatives des 10 et 17 juin dans une position très favorable, alors que le parti socialiste, affaibli par une crise de projet et de leadership, appelle ses électeurs à la mobilisation pour ne pas donner une « majorité écrasante » à la droite. Les socialistes, qui appellent les électeurs à faire barrage à la menace d'une vague « bleu horizon », se retrouvent dans une position défensive. Ils ne peuvent qu'espérer limiter les dégâts. Les estimations créditent le parti socialiste de 27 à 29,5% des intentions de vote et d'un groupe allant de 80 à 140 sièges, contre 141 actuellement. Pour les autres courants, la défaite risque d'être sévère. Le PCF est ainsi menacé de perdre son groupe parlementaire ainsi que les Verts. La stratégie d'« ouverture » de Nicolas Sarkozy s'est avérée périlleuse pour le PS. Selon Patrick Devedjian, un des prétendants à la direction de l'UMP, le message consiste à répéter sans relâche que « les socialistes n'ont pas de projet de remplacement à offrir aux Français » et qu'ils « n'ont plus d'équipe dirigeante, et donc pas les moyens de former un gouvernement ». Le Premier ministre François Fillon insiste sur la nécessité de continuer à « expliquer l'ouverture » qui n'a pas fini de déstabiliser le PS. Chez les socialistes, Dominique Strauss-Kahn prône une « rénovation social-démocrate ». François Hollande assure qu'il mènera la rénovation du Parti socialiste, qui commencera juste après les législatives, en attendant le congrès de 2008 lors duquel la nouvelle direction du parti sera désignée. Ségolène Royal juge le rassemblement traditionnel de gauche dépassé et parle d'alliance « arc-en-ciel » avec le centre. A Digne, où elle est allée soutenir la candidature aux législatives de son directeur de campagne Jean-Louis Bianco, Ségolène Royal a fait un nouvel appel du pied aux électeurs centristes. L'opposition parlementaire devra remplir, selon l'ex-candidate socialiste « quatre missions » : « devoir de vigilance, de surveillance, de proposition et de protection ». « Je crains les pleins pouvoirs dans la mesure où aujourd'hui la droite concentre énormément de pouvoirs » – Matignon, Elysée, Sénat — organisations censées être impartiales, systèmes médiatico-financiers, pouvoir sondagier. Pour sa part, Laurent Fabius souligne dans un entretien au Journal du Dimanche que « compte tenu de l'urgence, c'est non seulement d'un appel à la raison mais d'un véritable coup de gueule qu'il s'agit. Je demande aux dirigeant(e)s socialistes, combativité et unité. Le PS appartient à tous ceux qui ont besoin d'une gauche forte pour faire progresser notre pays et pour défendre leurs droits ». Pour François Bayrou, « troisième homme » de la présidentielle, l'objectif sera d'affirmer l'existence d'un centre indépendant à travers son nouveau parti, le Mouvement démocrate (MoDem). Dans cette compétition, le Nouveau Centre (Parti social libéral et européen) fondé par Hervé Morin part avec une longueur d'avance. La quasi-totalité des députés sortants – 22 sur 29 – seront candidats sous cette étiquette, avec de grandes chances de succès. La plupart des candidats du parti de François Bayrou se présentent pour la première fois.