A la différence du premier, qui a eu lieu en début de semaine, il y a dix jours, à la salle Errich devant un public essentiellement masculin, celui du week-end dernier était exclusivement dédié à la gent féminine de Bouira. C'est dire la joie et le plaisir de la chanteuse du hawzi qui nous avoue que 90% de ce qu'elle donne est pour la femme. Dans sa conception, la femme algérienne travaille tellement à longueur d'année qu'il ne lui reste pratiquement plus de loisirs. « Côté distraction, la femme algérienne est moins bien lotie que la femme européenne », conclut à ce propos la chanteuse algéroise. C'est consécutivement au cachet que revêt cette soirée donnée en l'honneur de la femme bouirie, qui travaille donc beaucoup et sort peu, que les trois chansons, puisées du répertoire de l'artiste qui revendique un statut pour la corporation à laquelle elle appartient, ont été choisies : El Khatem (la bague), Yal Warda (ô la rose) et Yal Mouima (ô la maman), les tubes les plus demandés, affirme-t-elle. Mais une surprise attendait Nadia ce soir-là : c'est à deux publics différents qu'elle a affaire : les femmes à l'orchestre et les hommes au balcon. Tandis que les garçons se contorsionnaient en haut, des adolescentes s'en donnaient à cœur joie en bas, sous des rythmes de plus en plus débridés. La chanteuse, qui a décidé de vouer entièrement sa vie à l'art dès l'âge de 15 ans, du temps où elle n'était encore que collégienne et qui a fait de la diva algérienne, en l'occurrence Fadhila Dziria son idole, a chanté en duo avec l'un des maîtres du chaâbi, Chaou. Mais elle ne cache pas sa profonde admiration pour d'autres grandes figures de la chanson algérienne, qui se porte bien, comme Driassa et Maâti Bachir qui ont apporté leur soutien à l'artiste à ses débuts. La chanteuse à la voix enchantée n'exclut pas de chanter un jour en kabyle et, pourquoi pas, en français ? Bien qu'elle confesse que le public est partout le même, gentil et chaleureux, même en Europe où elle a eu beaucoup d'occasions de s'y produire, Nadia revient toujours à Bouira. Une fidélité qui semble aller au-delà de la simple affinité qui se développe entre un artiste et son public. Nadia semble s'attacher particulièrement à cette ville, si belle et si douce. Ce soir, Nadia est assaillie par un groupe d'admiratrices qui tenait à poser avec elle pour une photo de famille.