Bâti initialement pour les besoins exclusifs des coloniaux, le lycée est devenu au fil des temps une institution et le vivier de nombreuses générations d'érudits et d'hommes d'Etat. Il est et restera un haut lieu qui a marqué et marquera pour longtemps de nombreuses promotions formées à Kerouani caractérisé des décennies durant par le label de l'excellence, avant de tomber dans la décrépitude, générée par la nonchalance de ses gestionnaires et l'inconscience de ses nouveaux élèves. Hélas, l'institution ayant formé Belaïd Abdesslem, Abdelhamid Abad, Abdelhamid Benzine, Kateb Yacine, Abdelmadjid Attar, Abderahmane Balayat, Abdelmalek Benhabilès, Abdelkrim Benmahmoud, Bachir Boumaza, Abdelkrim Harchaoui, Souad Djaballah (née Moussaoui), Hamza Yahia Cherif, l'actuel ambassadeur d'Algérie en Indonésie, et d'autres femmes et hommes diplomates, médecins, architectes, ingénieurs, avocats et magistrats de haut rang, est le moins qu'on puisse dire dans le « coma ». Selon des architectes, la séculaire structure commence à s'affaisser. Un mur de soutènement est attaqué par les eaux. En plus du poids de l'âge, le laisser-aller a accentué le délabrement de l'institution qui n'est belle et majestueuse que de l'extérieur. En s'engouffrant à l'intérieur de l'établissement aux cinq cours, le visiteur est « agressé » par les dégradations de l'espace d'un autre temps. Rien ne fonctionne à Kerouani. Les fenêtres, les portes datant de l'ère coloniale et le revêtement du sol des salles de cours font pitié. Les murs, les estrades, les toilettes, les blocs administratifs, la salle de sport, le réfectoire et les laboratoires ne sont pas mieux lotis. « La dégradation de l'établissement décourage aussi bien l'enseignant que l'apprenant qui évoluent dans des conditions de travail des plus difficiles pour ne pas dire lamentables », nous dit, sous le couvert de l'anonymat, un enseignant. Le délabrement de ces lieux, qui ont formé la fine fleur des intellectuels algériens, a fait réagir le premier responsable de la wilaya, révolté par une telle situation. « La situation du lycée Mohamed Kerouani, un haut lieu de l'Education nationale, préoccupe le wali, décidé à réhabiliter, cette institution. Un devis des différents aménagements a été établi », dira en préambule le directeur de l'éducation qui enchaîne : « La réhabilitation de fond en comble de Kerouani est estimée à plus de 150 millions de dinars. Sensible à l'inestimable valeur historique de l'établissement, le wali ne lésine pas à donner son feu vert pour que Kerouani rayonne de nouveau. Un plan d'action s'étalant sur une période de quatre ans sera prochainement lancé. L'urgence concerne les aménagements et les équipements de la salle de conférences, du laboratoire des langues étrangères et de la salle de sport et de dessin », précise notre interlocuteur qui inscrit dans son agenda, les autres anciens lycées de la wilaya, ayant besoin, en urgence, d'un grand lifting.