Filaih Wadi Mijthab, directeur du quotidien Al Sabah, a été retrouvé mort, le 15 juin 2007, près d'une mosquée à Baghdad. Deux jours avant, plusieurs véhicules lui avaient coupé la route, alors qu'il se rendait au travail le matin et il fût kidnappé. Plus d'un journaliste est assassiné chaque semaine en Irak. Le directeur d'Al Sabah est le cas le plus récent d'une longue série. Les journalistes irakiens sont les plus ciblés et les moins protégés. Les professionnels des médias dans ce pays dévasté par les violences sont visés sans cesse par des activistes, notamment en raison de leur appartenance religieuse alors que des mesures particulières de protection ne leur sont pas accordées. L'année 2006 a été la plus meurtrière pour les médias irakiens. Selon le bilan de Reporters Sans Frontières (RSF), 184 journalistes et collaborateurs des médias ont été assassinés, 14 kidnappés et 2 disparus, depuis le début du conflit en mars 2003. Pour l'année en cours, déjà plus de 18 journalistes sont morts. Au mois de mai dernier, 11 ont été assassinés, dont 3 en trois jours, toujours selon les mêmes sources. Même si certains journalistes quittent le pays, les activistes poursuivent leurs menaces à l'étranger et leurs familles restées en Irak courent le risque de mort. Par ailleurs, les autorités, aussi bien irakiennes qu'américaines, ont imposé des interdictions et des restrictions aux médias. A l'heure actuelle, la chaîne qatarie Al Jazeera n'a toujours pas l'autorisation d'ouvrir un bureau à Baghdad. En 2006, les médias « qui incitaient à la violence » ont régulièrement été menacés de fermeture par le gouvernement du Premier ministre Nouri Al Maliki. En novembre 2006, la presse a été interdite d'accéder au Parlement et les chaînes de télévision sunnites Al Zaoura et Salah Eddine ont dû cesser d'émettre pour avoir protesté contre la condamnation à mort de Saddam Hussein. l'article 19 aux oubliettes L'année dernière, 30 journalistes ont été interpellés par les forces de sécurité irakienne et l'armée américaine, de son côté, a procédé à l'arrestation de huit. Plusieurs d'entre eux se trouvent encore en détention sans qu'aucune charge ne soit retenue à leur encontre. Une fois derrière les barreaux, les journalistes sont privés de plusieurs droits : se laver, se raser, on leur met un bandeau sur les yeux et les mains sont liées. Ils sont sujets à l'humiliation, interrogés, suspectés, et souvent battus. Peu après l'invasion de l'Irak par les Etats-Unis, une promotion des droits de l'homme et de la liberté d'expression en Irak, conforme à l'article 19 de la Déclaration universelle des droits de l'homme, avait été adoptée. Le 1er avril 2003, le rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme en Irak, Andreas Mavrommatis, avait accordé la priorité aux informations sur les violations graves en cours du droit à la vie, y compris les exécutions extrajudiciaires et la peine de mort, ainsi que sur la torture, les déplacements forcés, l'absence de procès équitables, la liberté d'expression et d'association et la liberté de religion. Des experts et des groupes irakiens avaient été formés pour faciliter la défense des droits à la liberté d'expression et des droits de l'homme en général en Irak, appuyés par les réseaux nationaux et internationaux. Ce programme devait apporter un soutien efficace à l'élaboration d'une politique nationale irakienne des médias et de la communication propre à promouvoir la liberté d'expression et le respect de médias libres et viables conformément aux normes internationalement reconnues. On reste loin de la douloureuse réalité du journaliste irakien.