Plusieurs écrivains et poètes ont donné hier des communications sur des thèmes ayant trait à la littérature et à l'exil. Parmi les intervenants, l'écrivain irakien Abdelkrim Kaced qui vit à Londres. Il a quitté son pays, il y a trente ans, pour fuir le régime politique qui y sévissait à l'époque. Dans son intervention intitulé « Le prix de l'exil », il estime que pour « des raisons politiques, le pays natal devient un exil pour des raisons politiques. Ainsi, on le quitte pour un autre ». Aujourd'hui, « les raisons qui m'ont poussé à l'exil ont disparu avec l'effondrement du régime. Cependant, on ne peut retourner en Irak, vu l'insécurité qui y règne. Le droit à la vie est toujours banni malgré le changement de régime. Et l'exil nous permet de découvrir d'autres cultures ». Ecrivain et poète irakien, Muniam Alfaker a quitté son pays en 1979 pour le Liban « à cause de l'insécurité générée par le terrorisme ». En 1982, il part en Syrie. Il vit depuis 1986 au Danemark. Il a abordé dans sa communication le thème de « la culture étrangère et la langue apprivoisée ». Il estime que « connaître la langue du pays d'accueil ne signifie pas comprendre sa culture. Nombreux parmi nous ne connaissent du Danemark, avant de s'y installer, que les œuvres traduites du philosophe Soren Kierkegaard et de l'écrivain Hans Christian Andersen. En arrivant et avec les années vécues en ce pays, nous découvrons que l'Occident et l'Orient se perçoivent d'une manière différente ». Poète et traducteur, Achour Fenni est intervenu sur ce qui est appelé « la littérature algérienne exilée » et la traduction. Il rappelle que l'expression de littérature algérienne exilée est utilisée par le poète disparu Youcef Sebti. Et de poursuivre : « Pour Youcef Sebti, les œuvres des pères fondateurs de la littérature algérienne, comme Mohammed Dib, Kateb Yacine et Mouloud Mammeri, relèvent de la littérature exilée car publiées en France et en français. Néanmoins, une partie de ces écrivains est revenue aux sources. Ainsi, Mouloud Mammeri a effectué des travaux anthropologiques et Kateb Yacine a fini par s'investir dans le théâtre en arabe. » Aujourd'hui, l'écrivain algérien est « contraint de s'expatrier pour se faire connaître dans son propre pays ». Concernant la traduction, il indique que l'écrivain disparaît une fois son œuvre entre les mains du traducteur. Certes, « traduire, c'est trahir, mais cela signifie aussi créer ».