L'importance d'une telle rencontre qui intervient à l'ombre des profondes mutations et changements dans le monde. Plus de 70 écrivains et créateurs arabes de l'exil, prendront part à Alger, du 24 au 28 juin, au Colloque international des écrivains arabes de l'exil. Placé sous le patronage du président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika, sous l'égide du ministère de la Culture et à l'initiative de la Bibliothèque nationale, en collaboration avec le Centre arabe de littérature géographique, d'Abou Dhabi, ce colloque s'inscrit dans le cadre de la manifestation de «Alger, capitale de la culture arabe 2007». «Il se veut une occasion de réunir, pour la première fois dans l'histoire de la littérature de l'exil, et depuis Gubran Khalil, les écrivains et créateurs arabes du monde entier, estimés à plus de 3000 écrivains, produisant en langue arabe ou dans la langue de leur pays de résidence», a précisé le directeur de la Bibliothèque nationale, M.Amine Zaoui. «L'importance d'une telle rencontre qui intervient à l'ombre des profondes mutations et changements dans le monde arabe vers l'ouverture, ajoutant que les raisons ayant contraint ces créateurs à l'exil politique, pour la plupart, sont en passe de disparaître», ajoute-t-il. L'émigration, par définition, est soumise à des facteurs économiques. L'émigré n'existe que par le travail, mais l'exilé est poussé pour des raisons politiques qui l'ont obligé à fuir sa société d'origine parce qu'elle est insuffisante et quelque peu oppressive. Mais quant au vécu des deux (l'exilé et l'émigré), ils partagent le même malaise, désarroi et la mal-vie. Le colloque a réuni une pléiade d'écrivains, de poètes, de traducteurs et d'intellectuels ayant pratiqué ou écrit sur la littérature de l'exil. M.Khaldoun Chamaâ de Tunisie est le premier intervenant sur le thème «Introduction au développement de la définition de la géographie», Les Arabes à l'Occident (problématique et problèmes), animé par Hocine Kobeici de France. Ali Chellah de suisse est intervenu dans La deuxième naissance d'émigration à cause d'émigrations violentes. Ahmed Ibrahim El Fakih a clôturé la séance du matin avec Horizon et continuité entre les Arabes et l'Occident. «Les assises du colloque se poursuivront jusqu'au 28 juin. Elles nous permettront, sans nul doute, de mieux connaître la littérature arabe, notamment du point de vue cognitif, en l'absence des statistiques, de biographies et d'encyclopédies sur les réalisations et les contributions des écrivains arabes de l'exil», a estimé M.Zaoui. En marge de ce colloque, L'Expression a demandé les impressions à l'un des rares écrivains participant, en langue française, en l'occurrence M.Ben Arab Abdelkader. «Excellente initiative que de faire se rencontrer des écrivains qui parlent de l'exil et qui le sont aussi, mais je suis un peu frappé par l'absence des écrivains francophones, et cela m'amène à parler de la culture en général», insiste-t-il. Et d'ajouter: «On souffre de la non rencontre, voire du mépris des écrivains de langue arabe à l'égard des écrivains de langue française. En dépit qu'ils sont des Algériens, qui développent les mêmes sensibilités. L'intellectuel doit s'affranchir de l'obéissance du pouvoir. Il doit exprimer librement ses pensées, ses sensibilités et ses visions du monde. Il doit aussi connaître sa société, tenir compte de sa réalité et ses spécificités et pouvoir, en quelque manière, traduire ce particularisme. D'une manière générale, ce n'est pas la peine de se voiler la face, car la culture algérienne est faite d''ensemble de cultures, arabe, berbère et française. Nier ce fait-là, serait une façon de confier le dogme du pouvoir», explique-t-il. L'Union des écrivains algériens suit une politique de division, de manque d'ouverture. «Elle reflète bien l'imaginaire de l'écrivain algérien, c'est dommage que cette union ne puisse pas sortir forte et puissante par sa fédération, quelle que soit sa façon d'expression au réel», conclut-il.