L'Association des cités sinistrées (ACS) activant dans la commune d'Ouzellaguen vient de monter au créneau à l'occasion du 50e anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération nationale, pour s'élever dans une déclaration rendue publique, contre le laxisme des autorités locales et de wilaya quant à l'éradication des vestiges historiques du colonialisme et dans lesquels une partie de la population du chef-lieu communal végète depuis des décennies. Les sites d'habitation précaire constitués par les cités Si Nacer, Si Lakhdar et ex-Camp, construites en 1958 dans le cadre du plan de Constantine initié par le général de Gaulle, perdurent en effet depuis maintenant 42 ans. Le fait que les habitants du douar d'Ouzellaguen s'y soient réfugiés après que l'aviation coloniale eut détruit leurs villages lors de l' « opération Jumelles », en signe de représailles contre la tenue du Congrès de la Soummam dans la contrée, confère à leur revendication et à leur mécontentement une crédibilité supplémentaire aujourd'hui. Seule une partie de la cité Si Nacer a été rasée en 1997 pour l'implantation de 106 logements évolutifs. Les 650 ménages vivant dans les 390 masures restantes espéraient bénéficier eux aussi de la même formule, mais celle-ci n'est plus en vigueur. La commune d'Ouzellaguen a certes bénéficié d'un programme de 300 logements sociaux mais les habitants des cités les refusent. Situation bloquée Se considérant propriétaires des lieux auparavant occupés, ceux-ci ne veulent pas se retrouver en situation d'éternels locataires des unités proposées. L'alternative à cette situation pour le moins bloquée est représentée par le projet de construction de logements sociaux participatifs (LSP) accordée par l'Etat après sollicitation de l'APC et ayant reçu promesse d'aide du ministère de la Solidarité nationale, a été quant à elle applaudie. Mais là aussi il y a malheureusement un hic. « Les services de la wilaya de Béjaïa nous somment de lancer le projet avant la fin de l'année en cours sur les lieux d'implantation des cités de recasement mais leurs résidents ne veulent pas quitter les lieux car, arguent-ils, ils n'ont pas où aller », dira à ce propos le président de l'APC. « Une lueur d'espoir subsiste néanmoins dans la mesure où le site d'une construction illicite que nous sommes habilités à démolir nous permettra de lancer les travaux dans les délais », hasarde-t-il encore. L'ACS réitère, de son côté, le principe de la quasi-gratuité du logement pour les habitants de ces bidonvilles de l'histoire ainsi que l'affectation d'autres terrains d'assiette en dehors des cités en question. L'un des membres de l'association cite à titre d'exemple les prés de 3 ha de l'ex-Capra, le terrain sis à côté de la cité des Enseignants ainsi que celui de l'ex-AMG. Les autorités locales ont donc deux mois pour concrétiser cet objectif avant que le projet ne leur soit retiré, c'est du moins ce qui est prévu dans la procédure. Réussiront-elles à relever le défi pour que l'occasion d'en finir avec cet habitat précaire, stigmate tenace de l'ère coloniale, ne soit pas, une nouvelle fois, renvoyée aux calendes grecques ?