Dans sa réponse, jeudi, aux députés, concernant les projets relatifs au régime électoral et aux codes communal et de wilaya, le ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Yazid Zerhouni, a, en des termes à peine voilés, interpellé les partis politiques sur la question de la gestion financière et l'utilisation des fonds publics lors des campagnes électorales. « Le problème est posé sérieusement », a-t-il dit, estimant qu'il est temps de procéder à un contrôle rigoureux et de prendre les mesures nécessaires. Le ministère de l'Intérieur est-il en train d'enquêter au sein des partis politiques ? Des propos peu amènes qui sonnent comme une accusation, laissant entendre que la gestion financière au sein des partis politiques et lors des campagnes électorales est entachée d'irrégularités. Le ministre a abordé, également, la question de la fraude, précisant que les cas de fraude enregistrés « étaient connus et les parties qui les ont dénoncés sont celles-là mêmes qui en ont tiré profit ». M. Zerhouni a relevé, dans ce contexte, la nécessité de « présenter toutes les preuves dans de telles situations et de ne point recourir aux surenchères politiques qui ne servent aucune partie ». Il a reconnu, à ce sujet, que les pouvoirs publics s'attellent depuis 2000 à conférer plus de crédibilité aux élections et, à travers elles, aux institutions de l'Etat, notamment l'APN. Une déclaration synonyme de l'échec recommencé des scrutins effectués depuis l'avènement du multipartisme. Cela dit, le ministre a affirmé que son secteur a pris « des dispositions efficaces et réalistes pour faire face au phénomène de la fraude, y compris les changements introduits sur la loi électorale en 2003 ». En tout cas, pour M. Zerhouni, les codes communal et de wilaya « apporteront, en dépit des circonstances, des solutions pratiques qui garantiront une gestion efficace et transparente de ces institutions au seul service du citoyen et de la société ». En outre, pour battre en brèche les amendements proposés par les députés sur le projet de loi organique relative au régime électoral, le ministre de l'Intérieur a défendu, avec fermeté, l'option de la proportionnelle, pierre angulaire du texte. Il a évoqué « les graves dérapages » pouvant survenir lors des échéances électorales, précisant que le projet de loi présenté par son secteur « est en mesure de trouver les moyens efficaces qui limiteront ces dérapages et c'est ce que propose le régime électoral à la proportionnelle ». « Ce dernier, explique-t-il encore, garantit une large représentation des différentes formations et tendances politiques tout en comblant les lacunes. » Toutefois, il concède que « notre démocratie est encore au stade expérimental », avant d'ajouter que le scrutin à la proportionnelle « est un moyen d'ancrer le régime démocratique » en Algérie dans le but de « préserver le régime électoral fondé sur le mode de la proportionnelle ». Cependant, certains députés indépendants et des représentants de formations politiques ont émis des réserves sur le taux de 4% des voix exprimées pour être éligible, arguant que « mettre fin à l'anarchie politique et la moralisation et l'assainissement du processus électoral requièrent tout simplement l'application rigoureuse de la loi électorale ». L'adoption des deux projets de loi portant amendement de la loi électorale et report des élections de renouvellement des APC-APW interviendra aujourd'hui après-midi.