En arrivant à Tassadane Haddada, chef-lieu de commune et de daïra, par ce que la raison humaine qualifie de route nationale, en l'occurrence, la RN77A reliant Ferdjioua à Jijel, le visiteur est tout de go subjugué par le calme saisissant de la région, la magnificence de la nature et l'hospitalité des riverains. Au bout d'une ascension éprouvante de 18 km de parcours sinueux à partir de Ferdjioua, l'on découvre cette commune qui s'étend sur 103,8 km2 juchée sur le flanc de la montagne, dont le point culminant, Tamezguida, est situé à 1 600 m d'altitude. Bref, avec ses 17 664 habitants et ses 28 mechtas, Tassadane Haddada vit le parfait enclavement, dont seules en ont le secret les zones montagneuses pauvres de l'extrême nord de la wilaya. Assainissement, routes et AEP : la grande équation La particularité de cette commune, à l'opposé des agglomérations semi-urbaines, réside dans le fait que les noyaux et les îlots d'habitation sont éparpillés d'une façon disproportionnée, donc nécessitant des budgets faramineux pour l'implantation de réseaux, tels celui du gaz de ville (inconnu dans le lexique local) et d'AEP qui demeure au stade de la profession de foi. Sur ce dernier point, l'APC, affirment nos interlocuteurs, a lancé une étude géophysique pour la réalisation de forages sur les hauteurs de Tassadane (à Stah et Tizimene exactement) pour pallier aux énormes déficits en eau potable. Le précieux liquide puisé sur les berges de Oued El Kebir par les 4 puits actuellement en service, alimente à peine 1600 foyers, générant de ce fait une surexploitation électrique par l'usage de pompes immergées, facturée entre 200 et 220 millions de centimes/an. Qu'à cela ne tienne, le P/APC, Rabah Bouladjoul, entouré de ses deux adjoints Ayad et Makhlouf, est persuadé que « la rupture avec le désenclavement est tributaire de la réhabilitation de la RN77A, principal accès au village, ainsi que la réalisation de ponts et d'ouvrages d'art sur cet itinéraire. La remise en état des 10 km de la RN77 (Jijel-Sétif) qui passent par le territoire de la commune, et la proposition de promotion au rang de chemin de wilaya des 15 km de l'axe Tassadane-centre-Dhar-Chouarfa, sont susceptibles de sortir la localité de sa torpeur ». Les séquelles de la décennie noire Prise dans les fourches caudines des hordes obscurantistes activant dans la région, Tassadane Haddada s'est vidée presque du quart de sa population, qui est passée de 24 000 habitants en 1990, à près de 18 000 vers la fin de l'année 1998. « Pas moins de 6 000 habitants ont tenté l'aventure de l'exode rural, abandonnant terres et maisons pour aller se réfugier ailleurs », nous dit le maire qui, visiblement gêné, a pris soin d'éluder notre question sur l'ampleur chiffrée des victimes du terrorisme et des dégâts qui en ont découlé. Il s'est toutefois limité à indiquer qu' « il y a eu effectivement des morts, des blessés, ainsi que 2 écoles à douar Lemmar, l'antenne administrative de Chouarfa et le parc communal, complètement incendiés ou détruits ». A la faveur de la paix retrouvée, une certaine stabilité est enregistrée dans l'ensemble de la région, qui s'extirpe peu à peu de sa torpeur socioéconomique. L'on peut citer l'habitat rural comme étant l'élément clé qui contribue à la fixation des montagnards dans leurs mechtas. A ce juste propos, les élus locaux souhaitent l'augmentation du quota car, sur 1000 demandeurs de logements, l'offre demeure toute relative quand bien même 270 dossiers ont été satisfaits, et 350 autres sont en voie de validation. Avec 12 écoles primaires, 2 CEM et un troisième en voie de réalisation, plus un lycée de 1300 places pédagogiques dont l'étude vient d'être achevée, l'éducation est l'un des rares secteurs à donner satisfaction. Contrairement à l'insoluble équation du chômage endémique, du manque d'infrastructures sportives, de loisirs et de détente et…tutti quanti.