De sa naissance dans la douleur, aux épisodes de dialogue, dont celui affublé du sobriquet « Taïwan », ou celui des « anti-dialoguistes », le bilan du mouvement citoyen reste à faire. La tombée dans l'oubli des journées historiques du 20 avril et du 14 juin témoigne de l'amnésie qui gagne et des effets pervers qui menacent la vérité. L'annonce faite hier de l'octroi d'une « Académie berbère », présentée comme un acquis de l'accord gouvernement-arouchs, occulte des réalités dont même l'ex-chef du gouvernement, M. Ouyahia, est au courant. Il est utile de rappeler que parallèlement au premier dialogue entamé en décembre 2001, le groupe dit « des 9 », dont je fais partie, a négocié dans l'ombre toutes les décisions rendues publiques le 12 mars 2002 par le chef de l'Etat dans son discours à la nation, et dont fait partie l'institutionnalisation du Tamazight comme langue nationale. Les négociations ont été entamées avant le premier dialogue, et ce, suite à l'émergence d'une majorité antidialoguiste dont nous ignorons encore les véritables instigateurs. Une série d'autres exigences a été émise lors des multiples rencontres de l'époque dont celle de l'Académie berbère, le départ des brigades de gendarmerie dans les localités où le sang a coulé, la nomination d'un ministre de la Défense, la réforme de l'école ainsi que le retour au week-end universel. Des exigences dont certaines ont été satisfaites, à l'instar du départ de certaines brigades de la Gendarmerie nationale, remplacées par des sûretés de daïras, et d'autres sont en voie de l'être. Concernant cette Académie, que nous avions exigée indépendante, des noms ont été même proposés pour la diriger comme le regretté Mohia ou le linguiste Salem Chaker. Ainsi, si des contacts ont eu lieu avec les ex-chefs de gouvernement Ahmed Ouyahia et Ali Benflis, ainsi qu'avec le ministre de l'Intérieur Yazid Zerhouni, il est utile de souligner que c'est avec le général Mohamed Mediène, dit Tewfik, représentant de l'Etat algérien, que des concrétisations ont pu voir le jour. Une série de rencontres marathons ont permis à tout un chacun d'apporter sa pierre à l'ouvrage. Sans omettre la grande disponibilité de Cherif Tifaoui, dont les rencontres se tenaient chez lui et qui ne ménageait aucun effort pour veiller à la réussite des rencontres marathons qui duraient des heures. Au final, chacun aura apporté sa touche pour la satisfaction de certaines revendications du mouvement citoyen, dont nous renions jamais l'apport de ces milliers de citoyens anonymes, dévoués à la cause citoyenne, et qui ont bravé tous les interdits pour une Algérie meilleure. Mais le bilan en pertes humaines et la mascarade de l'empêchement des élections de 2002 ont leurs responsables à l'intérieur comme à l'extérieur du pouvoir, et les motivations n'étaient que politiciennes. Les rues qui résonnent encore du dernier cri de chacun de nos martyrs n'ont pas étés foulées ni le 20 avril ni le 14 juin. Toutes ces innocences fauchées à la fleur de l'âge, seront frustrées de leur idéal tant que justice n'aura pas été faite. L'auteur est Ancien délégué du mouvement citoyen Président du CCV de Bouzeguène. Académie berbère 2106