Visiblement sous le charme de Miliana, l'enchanteresse qu'elle découvre pour la première fois à l'occasion de la tenue du 1er Colloque national du théâtre expérimental, Tounès a interrompu pour un instant la séance de répétition au théâtre communal de Miliana pour répondre gracieusement à nos questions. Pouvez-vous nous faire un résumé de la pièce que vous jouerez tout à l'heure ? La pièce s'intitule Mariage académique à travers laquelle on aborde l'histoire d'un duo appelé à jouer le rôle d'un couple (un peu comme dans la TV reality show, finalement le couple ne se formera jamais à cause des profondes divergences entre Kouider, interprètée par El Amri Kaouane et M. Barka (Tounès). Celle-ci représente la modernité, l'émancipation, alors que son partenaire est, disons, carrément à côté de la plaque (rires de l'actrice). Parlez-nous un peu de votre itinéraire dans le théâtre… J'évolue dans la compagnie Bahdja d'Alger créée depuis plus d'une décennie. J'ai eu le plaisir d'interpréter un duo avec Sonia dans Loughat Oumahate (langage des mères). Par ailleurs, on a reçu le premier prix en 1994 à Skikda en donnant une pièce intitulée Mélodie. En 1997 au Caire, on a reçu le prix d'encouragement pour Voyage d'Amour (Rihlat Hob) de Farida Aït El Hadj, présentée hors compétition. En France, j'ai la chance de faire partie de la compagnie Nout dans le département Seine-St-Denis. Il s'agit d'une compagnie de théâtre contemporain où l'on retrouve des acteurs venus de divers horizons et de cultures différentes. Votre expérience en France vous apporte beaucoup, n'est-ce pas ? Effectivement, grâce à ce mélange culturel. Par exemple, nous avons attiré un public nombreux en jouant Le bel indifférent. Les thèmes que nous abordons, à savoir l'exil, la xénophobie, l'intolérance, ne laissent pas insensible la communauté issue de l'émigration que nous ciblons particulièrement. Comment vous est venue l'idée de vous associer à El Amri le Sétifien, habitué davantage au monologue ? C'est vrai que le one man show réussit parfaitement à El Amri mais en comparant nos prestations, nous n'avons pas hésité à mettre en commun nos expériences dans le duo où on est tout à fait en symbiose. Comment le public algérien accepte-t-il cette forme théâtrale relativement récente chez nous ? En effet, en dépit de cela, je vous surprendrai sans doute en répondant que nous avons un public attentif, curieux et avide de découvrir toutes les nouveautés dans ce domaine. Le problème est à chercher du côté des responsables du secteur de la culture. C'est-à-dire ? D'abord, s'agissant de la formation dans le théâtre, on peut dire que l'aspect académique fait défaut : les choses ne sont pas bien définies. Conséquence, il y a trop d'amalgames, et le public est donc désorienté dans certains cas entre les différents genres que l'on propose. Quelles sont vos propositions pour améliorer la situation ? Je souhaite d'abord que le ministère de la Culture installe des instruments de contrôle et de suivi pour savoir au moins où va l'argent destiné à promouvoir les arts dramatiques en général. Par ailleurs, on appelle à la création de salles comme cet espace où nous sommes, car c'est un acquis à préserver absolument. Quels sont les projets de Tounès ? Peut-être un trio (deux hommes et une femme au centre d'un conflit amoureux). Par ailleurs, nous sommes invités à Besançon la semaine prochaine pour une tournée en France. Pour conclure, Tounès remerciera Samir Boumaâd et l'association de arts dramatiques Mahfoud Touari de Miliana dont il est le président, pour avoir organisé le 1er Colloque national du théâtre expérimental.Une rencontre enrichissante, ajoutera l'artiste.