Le schéma directeur d'aménagement touristique (SDAT) objet des premières assises régionales de Annaba le 10 septembre 2007, sous la présidence de Chérif Rahmani , ministre de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et du Tourisme, cerne quelques-unes des insuffisances n'ayant pas permis d'atteindre les objectifs fixés dans le cadre de l'application de la charte du tourisme durable de 1995. Annaba : De notre Bureau Il s'agit de l'insuffisance de l'entretien et de la mise en valeur des sites, du déficit en terme de capacités d'accueil, de structures hôtelières et de restauration de qualité et d'originalité, du manque de qualification et de professionnalisme du personnel dans les établissements et les services touristiques et hôteliers. L'absence de produits phares attractifs en mesure de faire la différence et des prestations chères pour la population locale et de moins bonne qualité que la concurrence internationale, l'incapacité à fournir un transport quantitativement et qualitativement adapté, la difficulté à s'adapter au poids croissant des Technologies de l'information et de la Communication (TIC), des problèmes récurrents d'insécurité, des contraintes imposées par le visa et les formalités d'entrée, sont d'autres insuffisances énoncées dans le SDAT. La liste des aléas auxquels est confronté le tourisme algérien est encore longue. Y sont soulignés l'obsolescence des infrastructures d'hébergement, le coût élevé de ces dernières qui constituent des repoussoirs à l'attraction de la clientèle, la lente évolution de l'organisation institutionnelle, le mode de gestion inadapté au tourisme moderne, la faiblesse de la communication interne et de coopération inter entités et l'absence d'outils d'évaluation et de suivi. Le même SDAT précise que ces aléas sont aggravés par l'archaïsme des moyens de promotion et d'information touristique (inexistence de supports) avec pour conséquence la faiblesse de la commercialisation de la destination Algérie. C'est donc pour en débattre et proposer des solutions que le MATET a programmé l'organisation d'assises régionales sous le thème de la " refondation du défi du tourisme ". Elles seront ponctuées par celles nationales programmées pour la fin de cette année. Stratégie à long terme A Annaba, ils étaient plusieurs centaines entre responsables nationaux et locaux du secteur, acteurs socioéconomiques traditionnels, voyagistes, grands hôteliers, restaurateurs… de Annaba, Guelma, Souk Ahras, El Tarf, Skikda et Tébessa, régions regroupées en pôle touristique d'excellence Nord Est, a y participé le 10 septembre. Tant au plan organisationnel qu'en matière d'animation, la rencontre s'était avérée être un remake de nombreuses autres ayant précédé. Cependant, cette fois-ci, les initiateurs étaient arrivés à Annaba avec un dossier bien ficelé. Ils avaient pris le soin d'y insérer des recommandations. Ainsi entamée, la démarche se veut être une des approches de base dans la stratégie concoctée par le MATET dans le cadre du SDAT horizon 2025. " Afin d'éviter de dupliquer les erreurs flagrantes…",a souligné M Cherif Rahmani dans son discours inaugural des assises. S'inspirant des dispositions de la charte du tourisme durable de 1995, le ministre a estimé que ce tourisme doit être supportable à long terme sur le plan écologique, viable économiquement et équitable sur le plan éthique et social pour les populations locales. L'application du SDAT comporte deux étapes ont expliqué ses concepteurs : l'une en 2015 est destinée à amorcer la nouvelle politique de développement du tourisme consacrée à la mise en tourisme de l'Algérie. L'autre en 2025 permettra la consolidation de ce choix à travers la consécration de la destination touristique Algérie. "Se placer dans les grandes tendances du tourisme mondial " parait être l'angle d'attaque des initiateurs du schéma. Ils avaient pris pour références les données émises par l'0rganisation Mondiale du Tourisme (OMT) ces dernières années. Elles font état d'une progression significative des arrivées et des recettes dépassant les taux de croissance économique de 1,3% au niveau mondial et de 842 millions d'arrivées de touristes internationaux dans le monde en 2006 soit 4,5% de plus qu'en 2005. En termes de perspectives, l'OMT prévoit 1 milliard d'arrivées de touristes en 2010 et 1,6 milliard en 2020 à l'intérieur de chaque région. Elles précisent que ce doublement du nombre de touristes en 15 ans devrait générer des dépenses de plus de 2.000 milliards d'Euros. Ce doublement devrait représenter 231 millions d'emploi directs et indirects soit 8% de l'emploi total dans le monde, 12% du PIB Mondial et 30% des échanges internationaux de services commerciaux. Les données fournies par l'OMT soulignent que les 21 pays du bassin méditerranéen restent la principale destination touristique mondiale avec 260 millions d'arrivées de touristes internationaux. Ce qui, au plan mondial, représente un taux de 34% et fait de ces pays la principale région touristique au monde avec 30% des recettes générées par le tourisme international. Plus près de l'Algérie, soit à l'Est et à l'Ouest de ses frontières, la Tunisie et le Maroc continuent d'attirer un grand nombre avec pour la seule année 2004 une croissance record. Pour ses 2 destinations, 5.516.000 et 5.998.000 arrivées internationales pour diverses formules touristiques ont été respectivement enregistrées. "L'Algérie se doit de s'intégrer dans cette dynamique internationale". Atravers cette déclaration, M Cherif Rahmani ne fait que reprendre ce qui a été déjà dit par ces prédécesseurs à l'occasion de rencontres similaires ou lors de leurs visites de travail et d'inspection à travers différentes régions du pays. A voir la baraque de 12m² qui sert de siège de direction de wilaya du tourisme à Annaba et l'état de beaucoup d'autres dans différentes régions du pays dites "pôles d'excellence du tourisme", il y a lieu d'affirmer que ces assises ne dépasseront pas le cadre d'un travail théorique réalisé sur la base d'informations communiqués par les structures délocalisées du MATET. Rigidités Telle que présenté, l'amorçage du SDAT pour la mise en tourisme de l'Algérie est le résultat des renseignements et des informations fournies par ces structures. Les organisateurs des assises d'Annaba du 10 septembre, n'ont fait que les reprendre. Ces mêmes organisateurs sont venus avec des recommandations toutes prêtes qu'ils ont soumis aux animateurs des 9 ateliers pour être avalisés", a indiqué un des participants aux assises. En marge de ces assises de Annaba, l'on affirme que la rigidité des mécanismes de l'état, l'absence de coordination entre les différents ministères (A.E, finances, commerce, transport, intérieur…), l'essoufflement chronique des structures centrales et locales du département tourisme au MATET, sont les véritables freins au développement du tourisme dans notre pays. Pourtant, du côté des proches collaborateurs de Cherif Rahmani, l'on affirme qu'en mettant en scène via des assises régionales et nationales les préparatifs de son SDAT, le ministre s'est interdit toute reculade. En tous les cas, nombre de participants aux assises régionales d'Annaba ont une haute appréciation des efforts consentis par M Rahmani pour relancer le secteur. Opérateur économique d'importance dans la région et grand investisseur dans le tourisme avec deux complexes hôteliers de standing international (plus de 600 lits) Aziz Benouhiba est de ceux là. Il se fait le porte parole de beaucoup de ses homologues du secteur touristique. Il a affirmé : "Avec M Cherif Rahmani en principal animateur du développement du tourisme dans notre pays, il est certain que le SDAT réussira. Connu pour être un homme qui ne recule pas quant il s'agit de mettre en application une stratégie de sa conception ". Du côté des cadres du ministère, on parle de la nécessité de renforcer la réactivité du tourisme. Une urgence pour ce secteur dont les gestionnaires est accusée depuis des années d'avoir raté des virages décisifs pour un réel développement des activités touristiques en Algérie.